• En musique il est des biographies qui se détachent du lot : celle des Massin pour Mozart ou celle de Henri Louis de Lagrange pour Malher pour ne citer que les plus célèbres du XXe siècle. Dans la plupart des cas leur principal défaut est de s’adresser non pas seulement à des mélomanes mais à des mélomanes doués d’une connaissance relativement approfondie de la composition musicale orchestrale ou non.

    En dehors de la vie du compositeur, les auteurs s’attachent à faire une analyse détaillée, quasiment mesure par mesure de l’œuvre ; ces ouvrages peuvent passionner les spécialistes, les professeurs de conservatoires voire si ça les intéresse les interprètes eux-mêmes.

    Je dois dire que de ce point de vue je reste assez sceptique après l’expérience vécue dans la années 70 lorsqu’au cours d’un diner Daniel Barenboïm me regarda interloqué et sceptique quand je lui affirmais que sans Berlioz et Liszt, Wagner n’aurait pas pu faire évoluer l’écriture symphonique de ses opéras dans le sens qu’il prit. Plus récemment c’est avec plaisir que découvrant une répétition du Roméo et Juliette de Berlioz dirigée par Léonard Bernstein, ce dernier faisait remarquer aux musiciens que la scène du balcon était une annonce du dodécaphonisme, Berlioz utilisant les 12 tons pour figurer la passion de Roméo annonçant en quelque sorte le dodécaphonisme des débuts du XXe siècle.

    Ce préambule pour dire que la biographie de Verdi de Pierre Milza parue aux Editions Perrin en 2001 se démarque totalement de ce style professoral :

    « Verdi et son Temps » nous permet en 500 pages de comprendre sans étaler un scientisme quelconque, la façon dont sont nés les 28 opéras sous la plume du grand compositeur et dramaturge.

    Le ton est donné dès les premières pages par l’auteur qui décide de s’intéresser à l’évolution de l’évolution de l’œuvre de Verdi parallèlement à l’évolution historique de l’Italie du Risorgimento et des événements marquant de l’histoire européenne de la seconde moitié du XIXe.

    Cela donne un livre passionnant où l’on comprend le choix des sujets traités par l’enfant de la ville de Busseto et son implication dans la vie politique italienne relativement réduite - il ne voulait pas et refusa dans la quasi-totalité des cas de se mêler ou de participer à la vie politique italienne - mais tout de même déterminante en ce qui concerne la mise à la porte des Autrichiens dans les années 1850.

    Visconti a immortalisé dans son chef d’œuvre « Senso » l’impact que pouvait avoir une représentation d’un opéra de Verdi de cette période – opéra patriotique comme le qualifie Milza –déchaînant le délire du public malgré la présence dans la salle des « officiers en blanc ». La censure autrichienne veillait au grain aussi bien que le pouvoir ecclésiastique sachant que Verdi était un anticlérical de première grandeur.

    Contrairement à l’impression négative qui ressort de l’autobiographie et de toutes celles écrites sur Wagner et son œuvre, Verdi en dépit de nombreux défauts apparaît comme un homme humain, généreux, homme d’affaires certes mais avec de sérieux et justifiés mobiles. Il n’oubliera jamais ce qu’il appelle ses « années de galère », composant en moins de 10 ans presque la moitié de la totalité de son œuvre lyrique pour subvenir aux besoins de sa famille, n’ayant pas oublié son enfance dans un milieu loin d’être fortuné. Sans les dettes de son père aubergiste et de sa mère fileuse il n’aurait pas commencé des études musicales conseillé en cela par un distillateur de Busseto qui jusqu’à sa mort sera l’un des rares à avoir accès au domaine de Sant’ Agatha et aura la reconnaissance de Verdi à qui il permit ainsi de devenir l’un des compositeurs majeurs de l’histoire de la musique et de l’opéra.

    Milza nous fait suivre en parallèle les actions de Cavour et de Garibaldi en faveur du Risorgimento avec le soutien  «lyrique » du compositeur ; ce sont les trois personnages clés de l’époque.

    Homme d’affaires mais aussi homme exigeant en ce qui concerne le respect non seulement de ses droits d’auteur, mais en tant que créateur ; il supervisait de bout en bout la création et les reprises de ses opéras non seulement par le choix et la qualité des chanteurs, mais la mise en scène, les décors et les costumes et ne tolérait pas la moindre incartade ou négligence sur l’un de ces points ; l’arrogance d’un musicien de l’Opéra de Paris, «La grande Boutique» comme il l’appelle lui fit claquer la porte en pleine répétition des Vêpres Siciliennes, la façon dont Maurel se permit de faire des coupures dans Otello pour adapter à ses déficiences vocales la partition, entraina des poursuites de Verdi pour retirer l’œuvre de la scène de l’Opéra Comique sans succès hélas. Verdi serait horrifié aujourd’hui face aux horreurs que les metteurs en scène, directeurs d’opéras et interprètes on l’arrogance de monter sur les grandes et petites scènes lyriques du monde.

    Comme l’explique Milza nous ne savons pas grand-chose de la vie privée du compositeur, particulièrement jaloux de préserver son intimité. Cependant le rôle important que joua Giuseppina Strepponi la grande diva de l’époque, sur la vie et même la poursuite de la carrière de Verdi lors de longues périodes de découragement, nous est rendu grâce aux correspondances de cette dernière avec des proches du compositeur ; sans sa détermination, celle de Boito avec qui les premiers contacts furent pour le moins houleux et presque violents, ainsi que celui de Giulio Ricordi son éditeur Milanais, Otello et Falstaff n’auraient sans doute pas vu le jour.

    Verdi apparaît aussi comme le grand propriétaire terrien, n’hésitant pas à manier la truelle et la faux , soucieux d’aider ceux de ses concitoyens dans le besoins pendant les années noires que traversa l’Italie au plan économique suite de l’unification et de la disparition des frontières et droits de douanes intérieurs en particulier dans le domaine agricole. Devenu riche il mit sans hésiter la main au portefeuille pour aider ses contemporains dans le besoin, créant entre autres une maison de retraite pour les artistes dans le besoin.

    En une phrase cette biographie est passionnante et tout amateur de lyrique se doit de l’avoir lu tout en réécoutant ou en revoyant dans l’ordre chronologique ces superbes partitions.


    votre commentaire
  • Eh oui encore un coup de gueule et encore plus justifié que d’habitude celui là !

    Voilà plus de quinze jours que je tente vainement de donner des vêtements que je ne peux plus mettre. On avance en âge le corps se déforme, on prend du poids sans arriver à pouvoir s’en défaire et donc on ne peut pas agrandir des tiroirs ou des placards à l’infini.

    Par ailleurs il n’est pas question de les jeter à la poubelle pour des raisons justifiées d’antipollution et souvent ceux-ci étant en très bon état on se dit qu’ils pourraient servir à ceux qui ont toutes les peines à joindre les deux bouts.
    On vous vante bien entendu maire ou mairesse en tête les « nombreuses possibilités » qui vous sont offertes pour donner ces vêtements et en faire le bonheur des plus défavorisés.

    C’est là que le bas blesse ! Gare à vous si vous êtes handicapé, ne disposez pas d’un véhicule ad hoc ! Votre âge est un handicap de premier ordre ! Vous êtes un mauvais citoyen si vous ne pouvez pas circuler à vélo ou en trottinette ! Gare si en conséquence d’un infarctus et de la pause d’un pacemaker il vous est strictement interdit de porter des choses lourdes ce qui est mon cas ; si je le faisais je risquerai d’arracher les électrodes qui connectées au points de la paroi cardiaque permettent de m’éviter des crises d’arythmies pouvant amener à un arrêt cardiaque dont il n’est pas certain que je sorte vivant !

    J’ai contacté à ce jour quatre ou cinq associations dont je tairai le nom bien que l’envie me démange de les clouer au pilori ! Outre celles qui n’ont pas eu la politesse élémentaire de me répondre, l’une d’elle ayant largement apparemment pignon sur rue, à refusé pour les motifs suivants de venir prendre les vêtements qui représentent au moins environ un bon mètre cube :

    • La quantité de vêtements est trop limitée. Nous ne passons que pour minimum une dizaine de sacs de vêtements chez les particuliers.
    • Nous ne montons pas au domicile des particuliers.

    Pour ce qui est de la première raison, je ne vois pas comment on peut estimer sans les avoir vus la quantité de sacs contenant un mètre cube voire plus de vêtements.

    Pour la seconda ce doit être surement particulièrement pénible et insupportable, de prendre un ascenseur et de monter au 1er étage d’un immeuble parisien ! Pour quelle raison, elle est simple, c’est la dernière excuse que dans ce pays on a trouvé pour se débarrasser d’une corvée ou motiver un retard ou une absence : LE COVID 19 and CO !

    Jusqu’ici nos compatriotes utilisaient tour à tour l’excuse:

    • de la secrétaire qui n’avait pas fait son travail alors qu’en fait son patron ne le lui pas fait savoir,
    • l’informatique oubliant petit détail que avant que le programme n’existe il a fallu quelqu’un pour le programmer et ensuite un individu pour le faire tourner à condition bien entendu qu’il n’y ait pas d’erreurs de programmation que la malheureuse machine dépourvue d’intelligence en dépit de ces soit disant programmes intelligents (qui n’ont en fait que celle fournie par le programmeur), n’a pas pu surmonter,
    • et bien entendu dernière trouvaille avant le Covid, les vacances et les RTT ainsi que les pauses cigarettes et cafés en face de l’entrée du bureau !

    En dehors des vêtements j’avais aussi un fauteuil convertible pratiquement neuf ; deux solutions la déchèterie via les encombrants de la ville, ou le donner à l’une des associations, seule une d’entre elle aurait pu le prendre mais voilà elle ne possède que des camions et bien entendu un fauteuil ne saurait occuper 90% de l’espace disponible. Il parait que l’association n’a pas la possibilité d’acquérir une simple petite fourgonnette !

    Voilà où nous en sommes dans un pays d’une hypocrisie toute chrétienne qui veut nous faire croire que ses ressortissants ont un comportement solidaire et citoyen ! On va la messe, on se confesse, et une fois sortis du confessionnal, on recommence allégrement à enfreindre les lois et règlements les plus divers sous la protection du secret du confessionnal bien entendu.

    Si après cela vous avez de vous casser le….pour faire profiter d’objets devenus inutiles ceux qui en seraient heureux, c’est que vous avez les nerfs solides.

    Ce n’est pas mon cas et le Stress m’est également interdit. 3 arrêts cardiaques au cours de mon infarctus m’ont largement suffit pour que je ne souhaite pas refaire l’expérience, même à 80 ans âge auquel bien entendu les moins de 50 Président de la république en tête vous considèrent comme des « inactifs » dont on ne sait plus quoi faire : suggestion regarder le film « Soleil Vert », la solution y est toute trouvée !


    votre commentaire
  • On dira à la lecture de cet article que je suis un hypersensible, nostalgique et j’en passe ; aujourd’hui il est ridicule pour la majorité de s’attacher aux souvenirs du passé, de se rappeler avec reconnaissance de ceux qui ont joué un rôle plus ou moins déterminant dans l’évolution de votre vie professionnelle ou personnelle.


    Ce n’est pas mon cas je n'en ai pas honte et je prétends en être fier.

    Aujourd’hui quand vous parlez de votre passé à des jeunes ils vous regardent avec un petit sourire mi compatissant mi exaspéré ! Encore un qui va me faire le coup du « dans mon temps ».

    Ils ne se doutent pas ces charmants jeunes gens que nous aussi avons trimé et gagné cette foutue retraite. Savent-ils seulement qu’un diplômé de l’enseignement supérieur entrait par exemple au Crédit Lyonnais en1969 au salaire de 1000 nouveaux francs (1963) soit en valeur 2020,1175 euros avec un taux d’inflation à l’époque tendant allègrement vers les deux chiffres plus décimales. Aujourd’hui le smic est à 1589 euros, soit 35% de plus en données comparables !

    Ces mêmes jeunes poussent des cris d’orfraies si on a l’audace de leur proposer un tel niveau de salaire alors qu’ils sont diplômés de l’enseignement supérieur ! Pour eux, comme une étude de l’association des DRH l’avait mis en évidence « du temps » où je travaillais encore (ben oui je fais parti des inactifs comme dit avec mépris l’actuel Président de la République qui trouve un job en traversant la rue !), les trois premiers sujets abordés lors d’un entretien d’embauche sont dans l’ordre décroissant d’intérêt :

    1/ le salaire
    2/les avantages sociaux
    et 3/ le contenu du poste ! Voyez-vous le contenu du poste est tout de même pas si important puisque ce qui compte c’est de gravir les échelons à la vitesse de la lumière pour être rapidement PDG de sa propre entreprise, pardon de sa Start-up!

    Combien de fois ai-je dû batailler avec de jeunes collaborateurs de la banque où je travaillais dans les années 80-90, pour leur faire comprendre que l’on ne devient pas Analyste financier senior en moins de deux ans et que de même je leur interdisais d’intervenir en bourse puisque nous avions des informations privilégiées du fait de notre travail qui du coup nous feraient entrer la tête la première dans la catégorie des initiés avec les conséquences pénales inéluctables.

    Mais ce ne sont pas ces souvenirs qui me rendent nostalgique vraiment. J’ai quand même plus positif pour causer la France de 2021 !

    Mes souvenirs me reviennent à la surface ce matin en apprenant par hasard la disparition de Christian Ferlet en 2019, réalisateur et producteur de cinéma pour qui j’ai travaillé en 1968.
    Je revoyais avec nostalgie l'autre jour le délicieux film de Stanley Donen, Funny Face avec le couple Astaire-Audrey Hepburn et ses plans superbes entre autre celui du Louvre où cette géniale et ravissante actrice descend l'escalier dans une robe du soir écarlate en voile de Givenchy avec en fond la Victoire de Samothrace, et également celui de Mike Todd l'inventeur du 70mm avec sa superproduction du Tour du Monde en 80 jours. En 56 lors du tournage il obtint de la Mairie de Paris et de la préfecture de police de bloquer la rue de Rivoli et la rue Castiglione pour l'un des plans avec Niven et Cantiflas. Deux réalisateurs qui ont rendu un fabuleux hommage à Paris avec des plans superbes comme il n'y en a plus eu au cinéma depuis.
    En ce qui concerne Funny Face c'est aussi le souvenir de mon stage chez Cinéma et Publicité été 68.

    Je travaillais donc comme assistant du réalisateur Christian Ferlet (1934-2019). Il avait eu une commande du Comité National des Parfums pour une pub de plus d'une minute à réaliser en Cinémascope. Christian eut l'idée de la faire sous forme d'une comédie musicale et me demanda de lui réunir pour une projection privée des grands titres de comédies musicales.

    En dehors de West Side Story, des Demoiselles de Rochefort et des Parapluies de Cherbourg je lui parlais de Funny Face qu'il ne connaissait pas. Le film étant produit par Paramount je pris mon courage à deux mains, maudite timidité, et téléphonais à la direction générale pour avoir une copie du film en prêt. Elle n'avait plus rien mais me dit que peut-être la Cinémathèque Française en avait une. C'était le cas.

    La cinémathèque avait un bureau boulevard Haussmann où je me rendais; il tombait des cordes. A l'accueil il y avait une bonne femme aux allures de sorcière, je sus plus tard que c'était la compagne de Langlois; elle m’indiquât un cagibis où se trouvaient les 12 boites de la copie du film. Entrant dans le local, il y pleuvait, je pris les boites et repartis au bureau avenue Marceau; là, déposant le film dans la cabine de projection je m'aperçus avec horreur que le devant de ma chemise était entièrement couvert de rouille! Quand le projectionniste ouvrit les boites, on découvrit que les films baignaient dans une atmosphère plus ou moins humide, mais surtout que dès qu'on touchait à la pellicule, elle cassait comme du verre.

    On passa la journée à passer au chlorure de benzène les 12 bobines pour les assouplir un peu et ne pas avoir des ruptures le soir à la projection. On rembobinait et débobinait coton imbibé, à la main gantée de coton, les quelques 2000mètres des 103 minutes du film ! La projection dura jusqu'à 4h du matin et Christian fut époustouflé par Funny Face qui correspondait parfaitement à ce qu'il voulait faire.

    Son scénario était simple : Place Vendôme un jeune femme sort d'une parfumerie, elle croise un jeune homme qui on le comprend sent son parfum et se met à la suivre, imité par d'autres hommes sur des pas de danse et le tout s'achève en un tutti dont elle est la vedette devant la Colonne Vendôme. C'était superbe mais un fiasco total au plan publicitaire car le spectateur était distrait du but principal "le parfum" à cause du rythme et du décor de la scène. Une grande leçon de pub!

    Grâce à Christian et à la direction de la société, je pus faire un stage de 15 jours chez les Laboratoires de tirages cinématographiques de Saint Cloud-LTC. Je voulais savoir comment se déroulait après le tournage, le cheminement du film brut, les rusches, le négatif brut, aboutissant in fine au film monté et envoyé au circuit de distribution dans les salles.

    Le stage commençât avec l’ingénieur du son qui transférait à ce moment là les bandes sons stéréo du film de Jacques Tati, « PlayTime ». D’un coté on avait le film monté en 70mm de l’autre les 5 bandes magnétiques correspondant aux cinq canaux du film. Dans le studio on avait donc 6 lecteurs parfaitement synchrones l’un pour le film et les 5 autres pour le son qui s’enregistrait sur les 5 pistes magnétiques latérales du film. On n'avait aucun retour d'image. Une fois le transfert terminé, pour Playtime pas loin de 3 heures, on allait en salle de projection et on visionnait la totalité du film pour vérifier que tout avait fonctionné sans problème. J’ai vu le film une bonne dizaine de fois dans toutes les langues du doublage ! Je fus ensuite pris en charge par une vieille et adorable monteuse qui me confia le montage d’une pub de Hoover pour le Liban. On présenta le résultat à la société qui accepta le résultat de mon travail. Je ne pus hélas poursuivre dans cette voie professionnelle qui ne m’aurait pas permis de compenser ma première année de travail sans salaire par un travail rémunéré de nuit vu les horaires aléatoires du métier dans l’industrie cinématographique.

    De ce stage date ma passion pour le montage de films, je n’ai jamais pu supporter ces films de vacances bruts, style « lo padre, la madre, los dos chiquitiños y la tantina de Burgos ! Olè ! » !!!!

    Il y eut d’autres « patrons » dont je garde un souvenir reconnaissant ; Claude Giraud directeur financier adjoint du Gan qui me poussa en 1972 à m’intéresser à la programmation informatique, l’époque héroïque du Basic, Fortran, Cobol avec des bécanes faisant un bruit d’enfer, un système d’impression à marguerite hérité des machines à écrire d’IBM et qui en se déréglant se transformaient en mitrailleuses!  Les débuts sans le dire du futur internet avec le Time Sharing par satellite. Une donnée américaine demandée au centre informatique de Paris arrivant sur mon terminal au Gan après avoir traversé deux fois l’Atlantique via des satellites pour sortir sur mon terminal.

    Il y eut la rencontre de l’Association des Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion (DFCG)où au cours d’un déjeuner deux directeurs financiers, celui de Bourgey Montreuil et celui d’ICL France me firent découvrir le Credit Scoring pour prédire à l’horizon de 5 ans le risque de faillite d’entreprise. La même association par l’intermédiaire de son président, Jacques Fettu directeur général finances de Framatome, me fit entrer dans son conseil d’administration de la DFCG pour m’occuper des relations internationales et par la suite son successeur Pierre Gervais, directeur Général Finances d’IBM France me confia la réalisation de son congrès mondial à Paris en 1989. J’y rencontrais des hommes passionnant qui m’apprirent bien des aspects de leur métier que je mis en application dans mon métier d’analyste par la suite. Ils furent en quelque sorte les responsables indirects de ma rencontre avec Paribas où je conclus mon parcours professionnel.

    Oui je suis nostalgique de ces quelques 33 années et de ces hommes et bien entendu du rôle de celle qui devint ma future épouse rencontrée pendant mon stage lors d’une sortie nocturne avec mes collègues de Cinéma et Publicité en 68, qui tapa à la machine les pattes de mouches de mon rapport de stage, tous à qui je dois d’avoir eu un parcours pas trop mauvais et en tous cas passionnant. Et pourtant totalement hors du domaine qui était ma vocation, celle d'être monteur de cinéma ! Je n’ai jamais aimé mon métier de financier.

    Désolé pour ce long développement, mais je n’écris pas en langage SMS donc courage à ceux qui auront la patience de le lire jusqu’au bout, sans rancune pour ceux qui ne s’y intéresseront pas et qui dans le fond auront raison. Souvenirs, souvenirs quand tu nous tient!...

     


    votre commentaire
  • Les mémoires du Baron Haussmann disparues depuis longtemps des librairies sauf à en trouver une édition ancienne fort couteuse, ont fait l’objet d’une nouvelle édition en 2000 aux éditions du Seuil sous la direction de Françoise Choay.

    Les trois volumes de l’édition originale ont été réunis en un seul tome de 1200 pages. On retrouve dans la présentation du livre la structure originale en trois tomes avec ses pages de couvertures ainsi qu’en marge la numérotation des pages de l’édition originale. En préface Mme Choay explique la genèse de l’ouvrage ainsi que les éventuelles précautions à prendre lors de la lecture de l’œuvre du Baron.

    Ce livre n’est en effet pas à proprement parler un livre de mémoires comme on l’entend normalement. Haussmann s’en explique d’ailleurs dès le début de ses écrits. Tout au long de sa carrière il a pris des notes relativement détaillées des évènements, missions et actes dont il a été le témoin ou l’acteur. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il décide d’écrire cette défense de sa carrière et de ses actes, victime comme il le fut tout au long du second empire des calomnies, diffamations et autres insultes de ses opposants.

    Il annonce d’emblée le ton : Il est partisan d’un régime autoritaire, hostile au parlementarisme plus enclin dit-il à des actions au but de conserver un pouvoir ou de se faire élire qu’au souci réel de faire aboutir des décisions souhaitées par le peuple. L’opposition farouche des députés au suffrage universel à l’aube du second empire en témoigne. Au vu de l’actuelle tendance des représentants élus de notre pays dont le souci essentiel est de gagner des suffrages aux différentes élections, on serait assez tenté de lui donner raison. On ne peut pas dire que nos chers députés voire plus ne soient pas plus soucieux de leurs carrières que de l’avenir du pays et de sa population. A écouter certains encore très récemment, « demain on rase gratis ». En témoigne de façon flagrante l’accroissement constant du taux d’abstentions.

    L’ouvrage est divisé en trois tomes :

    Le premier est en quelque sorte une autobiographie, un historique détaillé de la vie de l’auteur au travers des différents postes occupés dans différentes sous préfectures de province aboutissant au coup d’Etat du 2 décembre 1851 par le Prince Président futur Napoléon III. C’est à Bordeaux où Haussmann est en poste comme préfet de la Gironde que Napoléon III annoncera la transformation du régime en Empire. Napoléon III nommera Préfet de la Seine Haussmann en 1853 sur les conseils de Persigny, Ministre de l’intérieur en poste, impressionné par l’homme. Le tome 1 s’achève sur cette nomination.

    Le second tome aborde alors le déroulement de la carrière du Préfet de la Seine sous le double angle de l’organisateur et du financement des travaux de la transformation de Paris. Il est évidemment difficile pour le lecteur du XXIe siècle de prendre la réelle mesure du coût de ses travaux en raison de leur chiffrage en Francs de l’époque sans que soit donné en regard une conversion en Euros de leur montant. On se doute bien évidemment de l’énormité de ces financements voire des dépassements des budgets accordés. Haussmann bien entendu défend ses décisions et met en relief les oppositions farouches de ceux qui ne veulent rien savoir d’une transformation de la capitale.

    D’ores et déjà il met en relief l’état désastreux de nombre de quartiers de la capitale tant du point de vue de la circulation des personnes avec une population en forte croissance, mais aussi des problèmes de salubrité sources de nombreuses épidémies.

    Dans le troisième volume l’auteur développe les actions entreprises pour moderniser la ville en passant en revue chacun des chapitres de son programme en constante communication avec l’Empereur à l’origine de ce vaste projet, et en mettant en avant nombre de ses collaborateurs qui ont participé à cette entreprise sans précédent.
    Que penser de ces mémoires et de l’homme qui en est l’auteur.

    Nicolas Chaudun a dans un livre précédent que j’ai commenté ici, a donné un portrait du Baron à la fois flatteur mais aussi pas toujours très objectif je trouve, reflétant souvent le jugement négatif de l’opinion de gauche et surtout des opposants farouches à la monarchie comme à l’empire.

    L’actuel article de Wikipedia est de ce point de vue typique de ce comportement qui a également affecté l’image qui fut et est sans doute encore donnée de Louis XVI jusqu’au ridicule de prétendre que l’ancien monarque était petit de taille alors qu’il devait mesurer 1m90.

    Notre génération a été témoin de la façon pendant des années, où a été passée plus ou moins sous silence certaines attitudes de la période de l’occupation de 1939-1945 quand il s’agissait de montrer les exactions ou la participation de certains au régime de Vichy. Je ne citerai personne…Ce n’est qu’assez récemment que le second empire et son chef ont commencé à trouver une certaine faveur aux yeux des biographes et peut-être du public.

    Il fallut attendre le dernier quart du XXe siècle pour que le nom de l’Empereur figure dans celui d’une artère ou place de Paris. Ancienne « place de Roubaix » ouverte en 1845 sur l'emprise de la rue de Dunkerque devant la gare du Nord, elle prend son nom actuel en 1987. Et encore le titre de l’intéressé ne figure pas sur la plaque.

    Haussmann a-t-il menti sur certains de ses actes, je ne me prononcerai pas là-dessus n’ayant pas les documents originaux sous les yeux et ne croyant que ce que je vois comme St Thomas !

    Une chose est certaine et tous les historiens de la capitale le disent certains quartiers de la ville étaient de véritables cloaques même ceux considérés aujourd’hui comme des phares de la capitale, abords de la place de la Concorde par exemple.

    On se plaindra de la perte de résidences prestigieuses du point de vue artistique et architectural. Mais fallait-il faire perdurer des sources de maladies comme le choléra, pandémie chronique des périodes précédentes ? Pouvait-on continuer à rendre la traversée de Paris chaotique et quasi impossible même à l’époque de l’utilisation du transport à cheval ou en carrosse loin de ce que le futur proche d’ailleurs, réserverait ? Est-il imaginable que l’on puisse continuer à boire l’eau polluée de la Seine, comment pouvons-nous un seul instant concevoir des rues sans trottoirs, ce n’est qu’en 1845 que la ville commença à la fin de la Monarchie de Juillet à envisager la pose de cet « accessoire » utilisé couramment pendant l’Empire Romain plus de 2000 ans auparavant!!! A l’époque dit Haussmann les égoutiers devaient ramper dans les égouts pour faire leur travail de curetage !

    Ce troisième tome à aussi le mérite de faire ressurgir de l’oubli ou de leur simple méconnaissance les noms des architectes ou ingénieurs des Ponts et Chaussées à qui nous devons encore aujourd’hui de vivre dans un univers relativement sain n’en déplaise à certaine mairesse de Paris qui s’ingénie depuis les débuts de ses mandats à revenir en arrière en prenant les problèmes à l’envers. Avant de donner la priorité aux trottinettes et vélos faut-il commencer par permettre aux banlieusards qui sont très vraisemblablement la majorité des actifs venant travailler dans le centre ville, les moyens de transports leur évitant de prendre leur voiture. L’écologie par le bout de la lorgnette ne permet pas de faire des progrès dans ce domaine. Peut-on imaginer Paris sans les parcs des Bois de Boulogne, Vincennes, Buttes Chaumont, Montsouris pour ne citer que les plus fréquentés de nos jours. C’est tout de même autre chose que les broussailles infâmes démontrant de façon flagrante l’absence totale de goût et du sens de l’esthétisme le plus élémentaire de Mme Hidalgo !

    Je suis sans doute inculte mais je ne connaissais pas l’œuvre de Belgrand dont une rue proche de mon domicile porte le nom, pas plus que celui de Davioud qui était en face de l’immeuble où je résidais avec mes parents pendant mon adolescence.

    Les pays étrangers ne s’y sont pas trompés et tout comme Le Nôtre a essaimé de par l’Europe son talent de jardinier de Louis XIV, l’œuvre d’Haussmann a fait école de par le monde après avoir été admirée par les visiteurs des Expositions Universelles du Second Empire, en témoigne même le nom « d’Avenue Victoria » que la souveraine britannique acceptât que fut utilisée non loin de la place du Châtelet.

    On l’aura compris je ne partage absolument pas le négativisme systématique des tenants des régimes républicains pour les précédents. A l’exception de celui de Napoléon Ier et encore pour son aspect militaire et impérialiste sans parler du coté parvenu de l’individu, je crois que certains actes aussi bien des régimes monarchiques ou ceux des empires français méritent d’être considérés de façon positive et ne méritent pas comme on le fait trop souvent le mépris ou la critique plus que tendancieuse.

    La lecture des mémoires d’Haussmann comme celle du livre de Nicolas Chaudun méritent largement d’être faite ou la biographie de Napoléon III de Pierre Milza commentée ici même. Elles sont passionnantes et nous rappellent que notre XXIe siècle est l’héritier du travail de ses grands personnages de notre histoire trop souvent oubliée voire occultée lors de nos études primaires et secondaires voire supérieures.

     


    votre commentaire
  • Voici donc lus deux ouvrages consacrés à la période du second empire et faisant suite à ma lecture du livre de Nicolas Chaudun sur Haussmann.

    Le premier signé par Pierre Milza (1932-2018) est sa biographie de Napoléon III parue chez Perrin en 2004.

    Pour qui me connait bien, sait que la famille Bonaparte est loin de m’être sympathique. Au risque de choquer, je considère cette tribu comme celle de parvenus, assoiffée de pouvoir et le personnage de Napoléon 1er m’est particulièrement odieux. J’ai une sainte horreur des va-t-en guerre et de ces individus dans le monde de la politique qui ne rêvent que de gloire et d’expansion territoriale prétendant hypocritement vouloir faire le bonheur des autres nations et la gloire de leur pays.

    Je ne crois pas un seul instant à cette prétention affichée par la quasi  majorité des hommes politiques et des partis auxquels ils appartiennent ou représentent.

    On me pardonnera ou pas la brutalité de ce propos, mais je n’ai pas l’habitude et ne ferai jamais dans le politiquement correct.

    Cela dit j’ai voulu lire le livre de Milza car la période du second empire a été au XIXe siècle un tournant majeur dans l’évolution économique de notre pays et fort mal abordée pendant mes études secondaires et universitaires. Je voulais aussi replacer dans son contexte la biographie précédente et mieux comprendre par conséquent enchaînement des faits qui encadraient la vie d’Haussmann et son action comme Préfet de la Seine.

    Pierre Milza est surtout connu et considéré comme le spécialiste de l’histoire Italienne (je viens d’ailleurs de commander ses livres sur l’histoire de l’Italie, ses biographies de Garibaldi et de Verdi). Il fut professeur à l'Institut d'études politiques de Paris(IEP) (1968-1977). Son Napoléon III pourrait être considéré comme un ouvrage sorti de son centre d’intérêt principal et ce serait une erreur étant donné le rôle joué par « les Napoléonides » et lui-même en particulier en Italie.

    Dans cette biographie l’auteur s’attache comme il l’explique dans le chapitre conclusif à sortir le personnage des idées déformées par les partisans du régime républicain qui a suivi la chute de l’empire en 1870. Le livre écrit par un adhérent au parti socialiste brille de ce point de vue par son objectivité. C’est entre autre ce qui fait de cette biographie un ouvrage passionnant à lire écrit dans un style direct et simple. On oublie que la plume est tenue par un spécialiste de l’histoire contemporaine.

    Comme le dit fort justement la notice en 4e page de couverture, sont nettoyés du récit « …les visions convenues pour partir à la recherche d’un Napoléon III tel qu’en lui-même…sans jamais statufier son héros, ni l’instrumentaliser, [il] réussit à restituer toutes les facettes du personnage et à trouver la cohérence d’un grand homme ». Je dirai qu’in fine on finit par trouver le personnage et son action digne d’admiration voire à plaindre sa chute qui résulte bel et bien du défaut majeur du parlementarisme à la française consistant à dénigrer systématiquement les actes d’un homme d’Etat dès lors qu’il n’est pas de votre bord.

    Le second livre écrit par Nicolas Chaundun et paru en 2015 chez Actes Sud nous plonge dans les derniers jours de la Commune. Son titre : « Le brasier, le Louvre incendié par la Commune ».

    Nicolas Chaudun a un talent de conteur indéniable ; cela se voit d’ailleurs quand il commente un ouvrage ou une exposition dans l’émission de la chaîne Histoire TV, « Historiquement Show ».

    Dans ce livre qui se lit en quelques deux heures il nous transporte dans le Paris aux mains des Fédérés lors de la Semaine sanglante de fin Mai 1871.

    Le mot d’ordre de la Commune est clair, net et précis « Si on recule on brûle » ! En l’espace de moins d’une semaine, les insurgés détruiront en partie ou totalité des chefs d’œuvre de l’architecture parisienne, des milliers de documents rares et/ou essentiels de l’histoire de Paris ou de France, les 100000 livres de la Bibliothèque impériale, la totalité des archives de l’Hôtel de ville et son édifice et bien d’autres, Notre Dame de Paris échappa de justesse à cette folie idéologique.

    Le musée du Louvre échappera de justesse au carnage grâce à l’un de ses conservateurs,  Henry Barbet de Jouy  et à Martian de Bernardy de Sigoyer, un officier qui prit la décision de briser les charpentes qui reliaient le bâtiment aux Tuileries, stoppant ainsi l’avancée des flammes. Ni l’un ni l’autre de ces deux hommes courageux et de leurs accompagnateurs ne se verront mis à l’honneur par la Troisième République. Une rue porte le nom Henry Barbet de Jouy à Paris, mais il s’agit là du père de ce héros tombé dans l’oublie.

    Nicolas Chaudun nous fait revivre pas à pas, plan à l’appuie joint en annexe, l’avancée des Versaillais dirigés par Thiers et le recul des Fédérés, et l’acte insensé du « général Bergeret » et de ses comparses qui écrira dans ses souvenirs « Les derniers vestiges de la royauté viennent de disparaître ; je désire qu’il en soit de même de tous les monuments de Paris ». Cet ignoble individu finira ses jours tranquillement à New York. Courage, fuyons !

    La Commune tient le triste privilège d’être la seule entité politique de l’histoire de France a avoir eu le triste fait d’armes de faire disparaitre des pans entiers de l’histoire de la Capitale voire de la mémoire historique de notre pays. Même le gouverneur Nazi de la capitale n’eut pas la volonté de suivre l’ordre d’Hitler de pratiquer la politique de la terre brûlée en aout 1944.

    Rien ne peut excuser ces actes pas plus que ne le sont les massacres commis par les Versaillais contre les Fédérés.

    Un livre passionnant là encore.

     


    votre commentaire