• Trompette virtuose au Théâtre des Champs Elysées

    Quand les orchestres français se mettent dans la tête que pour bien jouer il faut travailler et répéter soigneusement les oeuvres présentées au public sans ménager son temps, quand un chef ne se prend pas pour Toscanini ou Karajan, n'a pas la grosse tête style Simon Rattle ou Gustavo Dudamel mais a une perception de la musique et pense d'abord au compositeur et non à sa petite gloire personnelle, quand enfin un soliste ne se prend pas non plus pour une star hollywoodienne mais est un vrai musicien au sens noble du terme, alors on a droit à un beau concert pour lequel on fera abstraction de quelques faiblesses mais qui respirera le plaisir de faire de la musique et donnera le même plaisir aux spectateurs.

    Ce paragraphe à lui seul résume la soirée donnée par l'Orchestre de Chambre de Paris dirigé par son nouveau chef Douglas Boyd avec en soliste le trompettiste Reinhold Friedrich.

    Le lamentable  Alma chamber orchestra parrainé par le premier ministre avec son épouse au premier violon peuvent venir prendre des leçons. Ils en ont sérieusement besoin. On leur apprendrait au moins à savoir jouer sans fausses notes et à l'unisson!

    J'ai donné dans l'article précédent le programme du concert.

    Que dire des interprétations?

    Pour les deux partitions de Beethoven, l'interprétation a été un sans faute musical malgré un problème lié aux effectifs de l'orchestre. On me dira qu'au début du XIXème siècle les orchestres n'avaient pas la taille du Philharmonique de Berlin ou de Vienne. Sans doute mais jouer l'ouverture d'Egmont ou la quatrième avec seulement 15 premiers violons, 6 alti et 5 violoncelles c' est courir de grands risques dans certains passages de la partition. Nous étions placés au 2ème rang d'orchestre plein centre légèrement à droite du chef (à deux fauteuils près!). Dans certains piano des premiers violons on les entendait à peine! Dans les forte alors ils étaient couverts par le reste de la masse orchestrale des 33 autres musiciens de l'orchestre. C'est quand même dommage surtout dans deux oeuvres où Beethoven joue constamment sur des oppositions et des dialogues entre masse instrumentales.

    Il faut cesser ce snobisme de la soit disant reconstitution des orchestres aux dimensions du 18eme et début du 19eme siècle pour faire soit disant authentique et être en accord avec les compositeurs de l'époque. Ceux-ci donnaient leurs oeuvres non pas dans des salles de concerts de 2000 voire 3000 places mais dans des salons où le public était assis tout proche de l'orchestre et dans des lieux souvent bardés de tentures qui empêchaient toute dispersion du son parasite. Avec Berlioz et ses successeurs, la norme a changé et l'oreille des auditeurs s'est faite à un volume sonore plus important qui donne beaucoup plus d'ampleur à certaines oeuvres en particulier symphoniques comme celles du répertoire d'un Beethoven, d'un Brahms ou d'un Schubert. Ce qui reste valable pour la musique baroque voire celle de Mozart et de ceux qu'il a inspirés ne l'est plus du tout pour un Beethoven de la maturité totalement démarqué de l'influence de Mozart.

    Si ces deux oeuvres furent très bien jouées elles ne constituaient pas l'originalité de ce concert.

    Ce sont les deux concerti pour trompette jouées par le trompettiste Allemand qui faisaient vraiment tout le charme et l'originalité du concert. Le concerto de Hummel est l'une des rares oeuvres du compositeur jouée régulièrement dit le programme. Personnellement je ne le connaissais pas. Un vrai plaisir pour l'oreille servi par un interprète de grand talent, qui est la trompette soliste du magnifique Orchestre du Festival de Lucerne créé par le défunt Claudio Abbado. Friedrich tient le pupitre depuis 2003 et fut souvent mis en avant par Abbado lors de ses mémorables interprétations des symphonies de Mahler au Festival.

    Friedrich respire la joie de vivre et le plaisir de jouer de son instrument. Il y a dans son jeu et sa façon de se présenter sur scène un comportement quasi enfantin d'avoir entre les mains son superbe jouet dont il sort des sons d'une fantastique pureté et avec une virtuosité par moment qui laisse pantois. Les 20 minutes de ce concerto sont un régal sonore et d'une difficulté diabolique en particulier dans le rondo final.

    Le soliste donna après l'entracte le second concerto de Michael Haydn frère du célèbre compositeur. Avec cette oeuvre on retrouve davantage le style des oeuvres de Mozart qu'il a beaucoup influencé. Là encore la virtuosité est à l'honneur et l’interprète de ce soir montra son grand talent de technicien au service de l'instrument tout en insufflant à la partition la sensibilité et l'émotion qui en ont fait une grande interprétation et non pas seulement une prouesse technique. Je ne connais pas le compositeur du bis, mais de par son style je pense qu'il s'agissait d'un extrait du premier concerto du même compositeur. 

    En final du concert l'orchestre joua un extrait de la musique de Rosamunde de Schubert.

    Une très agréable soirée qui n'a pas à rougir devant des orchestres de renom international. Le public ne s'y est pas trompé même si l'on peut regretter la nouvelle manie inacceptable  en France d'applaudir entre deux mouvements d'une partition.


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  • Commentaires

    1
    Lundi 25 Janvier 2016 à 23:36

    Hélas pas le temps de répondre à la question de cet article!

    Mais j'ai enregistré le lien de la page, dans une autre vie j'y arriveraient être à tout écouter.

    J'ai bien lu ton dernier mail mais pas encore eu le temps d'y répondre avec les obsèques de samedi qi m'ont demandé de la préparation.

    Bonne soirée et bises.

    Pour les bols on verra ce que a donnera!

    Il y a une page de Facebook de personnes qui se regroupent pour demander réparation!! Je me suis inscrite, on ne sais jamais.

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