• L'insoumise de David Haziot et François Baranger

    J'ai parlé ici de David Haziot dont j'ai découvert le talent (déjà reconnu, cela va sans dire par plus érudits et compétents que moi) au travers de son roman historique "Théâtre d'ombres" paru en 2010. J'ai plutôt envie de parler de Biographie historique semi romancée. Celui ci faisait suite à son ouvrage sur Van Gogh primé par l'Académie Française en 2008. Depuis il s'est distingué par la publication d'une biographie "Le Roman des Rouart (1850-2000)" pour laquelle il obtint le Prix Goncourt de la biographie  en 2012.

    J'ai la chance de connaitre personnellement l'auteur, le hasard ayant fait qu'un de ses amis qui avait vu mon commentaire sur Théâtre d'ombres sur mon ancien blog, le lui signalât et une rencontre épistolaire s'est transformée en une amitié dont je luis suis très reconnaissant. J'ai d'ailleurs repris cet article ici même, il y a peu de temps.

    Ce que je ne savais pas, c'était que David Haziot s'était essayé en 1989 à la bande dessinée en publiant avec François Baranger un ouvrage en trois tomes:  L'Or du Temps, Roman en bandes dessinées librement inspiré du mythe d'Orphée et situé dans l'Égypte pharaonique. Ces livres vont d'ailleurs faire l'objet d'une réédition complétée par un "making of" aux éditions de la Mare aux loups. La Mare aux loups est la maison d'édition que les auteurs ont créé avec Chantal Hauser,

    Avec "l'Insoumise" et son premier tome "Les eaux de lune" David Haziot fait un retour par la bande dessinée sans doute en attendant d'écrire un nouveau monument dédié à quelque figure de la peinture...Cela ne veut pas dire pour autant que cette démarche soit secondaire, loin de là et il suffit pour s'en convaincre de parler de ce sujet avec lui, pour apprécier la passion qui l'anime dans cette entreprise.

    Je ne suis pas un lecteur de BD depuis bien longtemps; je suis de la génération "On a marché sur la lune" et de "la Marque Jaune" dont je dévorais enfant les épisodes chaque semaine en allant acheter mon journal Tintin! Je ne suis donc pas un expert en la matière et mon commentaire pourra paraître banal.

    Je suis par contre, nombre de mes lecteurs s'en doutent ici en me lisant, un romantique achevé et ne cachant ni mes émotions ni la spontanéité avec laquelle je me laisse séduire par une belle histoire.

    Au départ j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, non pas du fait de son sujet mais tout simplement parce que lire un roman sous forme de BD réclame une attention beaucoup plus soutenue qu'en lisant un livre classique. Il ne s'agit pas seulement de regarder de belles images.

    Ce qui m'a fasciné dès le départ c'est la qualité des dessins de François Baranger. L'histoire qui se déroule pendant la renaissance est illustrée par de véritables petits tableaux d'une extraordinaire finesse et précision. Il y a une grande harmonie dans le choix et la composition des couleurs et un formidable mouvement dans chaque illustration de l'histoire. Récemment une émission d'une des chaines nationales a été consacrée à Louis II de Bavière et curieusement j'ai retrouvé une similitude dans le style de certaines des peintures des salles du château de Neuschwanstein. Sans doute dans ce dernier on vogue au milieu des légendes médiévales et des opéras de Richard Wagner, Parsifal, Lohengrin, Tristan. Il n'empêche que j'ai retrouvé par certains cotés certaines couleurs dans les dessins de François Baranger qui m'y ont fait penser. Et puis bien entendu le thème de l'amour étant omniprésent, il est facile de trouver une sorte de parallèle que certains voire les auteurs trouveront tiré par les cheveux!

    L'histoire et le texte de David Haziot nous plongent dans l'univers des poètes, des intrigues de cour de la renaissance, des rivalités entre la République de Venise et ses voisins où le personnage principal, entre l'enclume et le marteau, se trouve entraîné de force à prendre un parti alors qu'en fait son esprit est ailleurs, tourné vers la belle Clelia dont il sent bien qu'il n'arrive pas à se faire aimer, tout en n'osant pas voir en face ses propres faiblesses et ses manques.

    Je dirais de ce premier tome que seuls les adultes sauront en apprécier toute la richesse à condition de se laisser porter par le romantisme, oubliant notre XXIème siècle de violence et de mépris pour ne pas dire de cynisme.

    Tout comme les réalisateurs de films ou les metteurs en scène actuels considèrent que rêver est avoir un esprit petit bourgeois et que seule la réalité doit avoir droit de cité, je pense qu'il y aura des lecteurs qui ne verront ce livre qu'au premier degré et ne sauront pas laisser leur imagination vagabonder vers ces époques lointaines où l'on soupirait prêts à mourir pour sa bien aimée.

    Les amoureux de mitrailleuses et chars d'assaut, passez votre chemin, Ici on rêve et ça fait du bien.

    L'insoumise de David Haziot et François Baranger

    Planche extraite des Eaux de Lune (Copyright David Haziot, François Baranger, Editions La mare aux loups)


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