• Onéguine à l'Opéra de Paris

    Onéguine est un ballet de John Cranko créé en 1965 à Stuttgart et entré au répertoire de l'opéra de Paris en 2008 ou 2009.

    L'opéra reprend cette saison cette oeuvre qui s'inspire de la nouvelle de Pouchkine, et de l'opéra Eugène Onéguine de Tchaïkovski.

    A la fois ballet de caractère, classique dans sa chorégraphie il reprend dans le même ordre et sans en changer une ligne le livret de l'opéra. C'est joli, bien dansé par les jeunes étoiles nommées en 2016 et 2017 par la maison. Il n'appelle pas de grands effets de bravoure sur le plan technique et ce n'est surement pas avec un tel ballet que l'on risque de vraiment se faire une idée des qualités techniques des danseurs nommés à la tête de la troupe. Ils font très bien ce que tout danseur digne de ce nom et appartenant à une troupe aussi prestigieuse se doit de savoir faire. Ils sont de bons comédiens ce qui bien entendu dans un ballet de ce type est absolument indispensable.

    Alors pourquoi ce ton morose? Tout simplement parce que John Cranko a commis l'erreur de croire comme certains de ses confrères que tout sujet pouvait faire l'objet d'une chorégraphie et pis encore qu'on pouvait faire aussi bien que l'original dont on s'inspire. Je fais bien entendu référence à l'opéra et non à la nouvelle que je n'ai pas lu.

    Si le premier tableau du ballet rend assez bien compte de l'atmosphère d'une grande datcha d'une bourgeoisie de haut rang, si l'arrivée d'Onéguine et de Lenski montre bien la différence entre les deux hommes, l'un cynique, hautain, méprisant même, l'autre enjoué, joyeux, amoureux transi d'Olga, tandis que le premier regarde avec condescendance Tatiana qui d'emblée est fascinée par son physique et son allure de grand seigneur, la scène suivante dite de la lettre tombe complétement à plat et devient interminable.

    Cette scène est un des chevaux de bataille des cantatrices. Galina Vischnevskaia, l'épouse de Rostropovich a marqué l'histoire de l'opéra et de CET opéra par son interprétation éblouissante et bouleversante de cette scène. Tatiana seul la nuit, ne peut pas dormir, elle est hanté par le souvenir de cet après midi et de cette rencontre et se croit amoureuse folle d'Onéguine au point de lui écrire une lettre d'amour, ce qui est un scandale de la part d'une jeune fille à l'époque. Aujourd'hui ces demoiselles n'iraient pas par quatre chemins et n'hésiteraient certainement pas pour certaines à offrir leurs appâts sans sourciller! Ces messieurs en font de même d'ailleurs. Faut pas perdre son temps, la vie est courte!

    Dans le ballet cette scène parait interminable, le fantôme d'Onéguine apparait dans une glace et vient danser avec Tatiana. On s'attendrait au moins à entendre la splendide partition de Tchaikowski, mais on reste sur sa faim avec un petit hors d'oeuvre de quelques mesures du thème principal mêlé à une sorte de guimauve insipide adaptation d'autres œuvres moins connues du compositeur et pour cause!

    Lors de la scène du bal chez  les Larina, c'est le jour de la fête de Tatiana. Onéguine est irrité par les commérages que les gens de la campagne font sur lui et Tatiana, et par Lenski, qui l'a convaincu de venir. Il décide de se venger en dansant et flirtant avec Olga sa fiancée. Jalousie du dernier, gifle, gant jeté, provocation en duel. Tout y est.

    Mais que vient faire ici le prince Grémine? Le seul invité non local si l'on peut dire devrait être un monsieur d'un certain âge, français qui est poète et chante une ballade en l'honneur de Tatiana. Croit-on cinq minutes qu'un prince de la cour viendrait à une fête de famille dans un lieu perdu loin de la capitale des tsars????

    Seul le tableau du duel tient la route et encore car la présence des deux jeunes femmes tentant d'empêcher les deux amis de se battre est là encore une invention de toutes pièces qui ne tient pas la route car on n'a jamais vu au cours de l'histoire des duels des femmes venir y mettre leur grain de sel. La tentative de réconciliation est le fait de Onéguine qui renonce devant l'obstination suicidaire de son ami.

    Reste enfin le dernier acte, grand bal chez le Prince. Erreur monumentale, ne pas avoir repris pour la partition la splendide polonaise composée de mains de maître par Tchaïkovski. C'est comme si dans Carmen on supprimait l'air du Toréador ou la Habanera du premier acte. Ce n'est pas en changeant la partition que l'on fait oeuvre novatrice et créatrice.

    Pour conclure ou presque, il est des œuvres qui ont marqué le répertoire que ce soit au théâtre ou à l'opéra et qui ne sauraient passer sous une autre forme surtout le ballet sans perdre de leur consistance et de leur puissance. Il ne faut pas s'y attaquer car on risque fort de râler l'essai.

    Oh bien entendu on me dira que le public faisait salle comble samedi soir à Garnier. Connait-il l'original? Pas certain. Nombreux touristes étrangers, quand aux vivats venant des derniers étages, ce sont à l'évidence les copains et copines des jeunes étoiles et vraiment il n'y avait pas de quoi faire un pareil tapage! de bravos et hurlements de toutes natures.

    Dernier point qui en dit long: je viens de découvrir dans ma bibliothèque le programme du spectacle acheté le 4 mars 1993 quand je vis le ballet pour la première fois. La soirée m'a tellement marquée que j'avais totalement oublié avoir vu le ballet et affirmait samedi soir à mon épouse ne l'avoir jamais vu. Reste a savoir ce que j'en avais dit à l'époque sur mon ancien blog perdu....

    CQFD!!!!!

     


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  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Février 2018 à 23:44

    Bonsoir Claude,

    bien longtemps que je ne t'avais vu ni lu.

    Assez bousculée ces derniers temps (pause c'set bien mais il faut rattrapé touu ce qui est passé)

    Je vais venir mettre un mail, pour faire le point.

    Bonne semaine, à samedi et bises.

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