• Hommage à Jerome Robbins à Garnier

    L'opéra de Paris fête les 100 ans de Jérome Robbins figure emblématique de la danse et de la comédie musicale américaine.

    Robbins est présent dans le répertoire de l'opéra au travers de 16 ballets aujourd'hui avec la dernière entrée Fancy Free qui ouvre la soirée de ballets qui lui est consacré du 30 octobre au 14 novembre prochain.

    Le spectacle comporte quatre chorégraphies Fancy Free, A suite of dances, Afternoon of a Faun et Glass Pieces.

    Mon appréciation de la soirée reste mitigée du fait des choix musicaux  sur lesquels sont bâties ces chorégraphies.

    Fancy Free représente pour moi l'estampille, la marque de fabrique pour utiliser une expression vulgaire de ce qu'est Robbins. Créée en 1944 avec son compère Leonard Bernstein alors qu'ils ont tous deux tout juste 26 ans, c'est un ballet plein d'humour mais aussi avec une connotation quasi tragique si l'on y réfléchit bien. Nous sommes en pleine guerre mondiale dont l'issue est loin d'être certaine puisque la première eut lieu en avril 1944.

    Trois jeunes marins de l'US Navy sont en permission à New York, on peut imaginer que c'est même leur premier séjour dans la Big Apple. Il découvre la ville et bien entendu les jolies filles que chacun à son tour va tenter de séduire dans un bar. Cela donne lieu à une chorégraphie à la fois acrobatique et toute en clin d'oeil des rivalités bien éphèmères de ces jeunes dont le destin est suspendu à un fil. La musique de Bernstein annonce bien entendu en bien des passages la future partition de West Side Story composée 10 ans plus tard. En particulier les thèmes de la première scène de la comédie musicale montrant la rivalité entre les Jets et les Sharks de même que la grande scène du Parking "Keep cool boys".

    Nos trois compères sont campés d'abord par le magnifique Karl Paquette dont ce doit être les dernières prestations comme étoile de l'opéra puisqu'il atteint en décembre prochain la fatidique date de départ à la retraite de 40 ans sauf prolongation d'encore une année puisque Paquette aura 41 ans en décembre et que 42 est la date ultime. Stéphane Bullion et notre second marin et on doit admirer non seulement sa technique et son jeu mais aussi son incroyable courage et volonté de surmonter le pire pouvant arriver à un individu à 23 ans (il en a aujourd'hui 36) : se découvrir un cancer des testicules avec toutes les conséquences tant morales que physiques résultant entre autres des traitements infligés. Lire ici son interview qui vous bouleverse ( STÉPHANE BULLION, DANSEUR ETOILE À L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS « VIVRE NORMALEMENT, POUR MOI, C’ÉTAIT DANSER » )

    Enfin le p'tit jeunot du groupe, François Alu premier danseur âgé de 25 ans et qui promet.

    Les girls sont Abbagnato, Renavand et Bellet qui leur tiennent la dragée haute.

    30 minutes de pur bonheur.

    Ce ballet sera la source d'inspiration du futur film et comédie musicale "On the Town" ("Un jour à New York")  avec  Gene Kelly, Frank Sinatra et Jules Munshin dans les trois rôles principaux.

    Suit comme second ballet A suite of dances sur la partition d'extraits des suites pour violoncelle de Bach. Je n'y puis rien, Bach me saoule, m'ennuie, j'ai l'impression que ça n'en finit pas et si bon danseur que soit Mathias Heymann, je n'ai pas accroché à ces 15 minutes de variations techniquement parfaite qu'il donne seul devant un fond bleu.

    Après l'entracte Afternonn of a faun  sur la célébrissime partition de Debussy. On est à des années lumières de l'original qui fit scandale en 1912. Ici le spectateur est le miroir d'un studio de danse. Sur le sol un danseur qui va progressivement reprendre son travail au milieu, il est rejoint à mi parcours de la partition par une jeune danseuse et c'est alors la découverte de ces deux êtres; tout se termine pas un timide baiser sur la joue de la jeune fille qui s'en va tandis que le jeune homme retrouve lentement sa position de départ. Les deux étoiles Aurélie Ardisson et Hugo Marchand sont parfaits. C'est plein de finesse et de sensibilité et cela colle à merveille avec la partition de Debussy. De nouveau 12 minutes de bonheur et je dirai de quiétude. Pas d'exploit technique, juste la beauté à l'état pur transmettant ce coté iréel propre à la danse classique dans tout l'acception de cet art.

    Je vais choquer quant à mon appréciation du dernier et quatrième ballet, Glass Pieces sur une musique de Philip Glass.

    Glass est l'un des pionniers et l'un des représentants les plus éminents de la musique minimaliste, notamment de l'école répétitive. Pour être minimaliste et répétitive y a pas de problème! Bonté divine! Je ne vois pas où est l'exploit, quand j'entends ça je pense à la pièce Art et son tableau blanc uni! Au bout de dix secondes j'ai envie de hurler "ça suffit"! Sur scène le corps de ballet se déplace comme dans ces exercices qu'on vous fait faire en cours de théâtre pour apprendre parait-il (je suis là encore dubitatif) à occuper l'espace d'un plateau; ça n'en finit pas quand bien même des couples par intermittence viennent faire qu'elles pas classiques et CA DURE 25  MINUTES d'HORLOGE! Il parait que c'est absolument Foooormidable...Moi j'veux bien mais on ne m'y reprendra plus!

    J'aurais préféré revoir très drôle The Concert sur des partitions de Chopin ou Dances at a Gathering sur les mazurka de Chopin.

    Donc une soirée qui m'a laissé sur ma faim...


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 7 Novembre 2018 à 23:31

    Coucou Claude,

    hommage pour les uns, qui le méritent bien et puis plus de réserve pour les derniers.

    Dommage c'eut pu être une bonne soirée.

    Bises.

    2
    Dimanche 16 Août 2020 à 16:44

    excellent article !

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