• Lucerne 16 août 2016 (2)

    18h30 je pars pour le festival quand l'orage éclate; pluie tropicale accommodée à la sauce alpine par de la grêle!

    J'arrive trempé jusqu'au genoux malgré mon parapluie et prends une boisson au café en attendant que je sois plus présentable. Ici on s'habille au concert...etj'ai donné congé au chauffeur qui est parti avec sa nana et la jaguar!On peut plus compter sur le petit personnel!

    Ce soir concert Dvorak dirigé par le petit jeunot Bernard Haitink 87 ans! 

    Je rentre dans la salle et regarde tristement le fauteuil n°9 au 10e rang d'orchestre à coté de moi qu'aurait du occuper Jackie et qui restera vide. C'est elle qui avait eu l'idée de cette soirée supplémentaire en dépit des contraintes budgétaires. Dans le fond si le connard de l'Elysée se fout des équilibres pourquoi ne pas en faire autant! La vie est courte et c'est pas entre quatre planches ou dans une urne que je pourrai écouter Dvorak!

    Haitink dirige ce soir l'excellent Orchestre de Chambre de l'Europe. Au programme l'ouverture de la sorcière, le concerto pour violoncelle et la symphonie du nouveau monde.

    C'est le 50e festival que ce géant des chefs encore en vie dirige cette année et le 21 il donnera son 50e concert au festival. Je serai bien resté si j'avais pu...

    La photo ci dessous c'est de ma place ce soir

     

    Lucerne 16 août 2016 (2)

     

    ci dessous celle prise au moment des rappels samedi soir lors du concert Mahler, pas moyen d'avoir des contrastes propres avec un portable.

    Lucerne 16 août 2016 (2)

     

    Le concert débute, Haitink entre en scène droit comme un "i" enfin presque avec cette classe qui n'appartient qu'à lui dans son frac impeccable, il n'est pas chevalier de l'empire britannique et décoré de l'ordre de la Maison d'Orange pour rien. Rien à voir avec les m'as-tu vu style Stéphane Bern sans distinction ni le moindre talent!

    Sa direction de cette première oeuvre est toute en finesse, aucun excés des différents pupitres qu'il dirige quasiment sans le moindre geste. Juste un index pointé vers les premiers violons pour marquer une attaque précise, un poing qui se referme indique qu'il faut jouer ferme; on est loin des gesticulations de tant de chefs d'orchestre comme les Rattle ou autres qui ne lui arrivent pas à la cheville.

    Le concerto est donné en soliste par  Alisa Weilerstein une jeune violoncelliste de 34 ans. La particularité de ce festival est d'être dédié à la femme, compositeur ou interprète d'où le titre du thème du festival "Prima donna".

    Le choix fait ici d'une femme pour ce concerto ne me parait pas judicieux. Cette oeuvre réclame une sacrée force dans les poignets et les doigts et à ce jour je n'ai pas souvenance d'avoir entendu une violoncelliste atteindre au niveau de Janos Starker, Pierre Fournier  pour ne citer que trois des plus célèbres interprétes de ce concerto. J'ai les trois versions chez moi et suis incapable de choisir entre l'une ou l'autre.

    On sent que c'est vraiment Haitink qui dirige ici non seulement l'orchestre mais aussi le soliste qui très souvent se trouve noyé dans la masse sonore de l'orchestre alors que je ne suis qu'au dixième rang et que l'acoustique de la salle est superbe. Elle joue bien, juste (heureusement), mais sans donner de l'émotion sauf peut-être au second mouvement. Une interprétation moyenne sans plus.

    Entracte, j'admire en sortant le choix des couleurs des coursives effectivement inspirées de la marine: Murs de boix marron foncé presque couleur de feuille d'érable, tapis rouge sang, éclairage tamisé ponctué par des petite lampes halogènes rouge telles un chemin pour vous guider au dessus de vos têtes. L'isolation phonique de la salle est assurée par de lourdes portes pare feu blanches coté salle, marron coté couloirs; impossible de pervevoir le bruit de la place toute proche qui fait face à la gare et est le terminus des multiples bus desservant la ville. On n'est pas au Châtelet où on entend au fond de la salle le RER et le métro!

    Deuxième partie , la symphonie. Dès les premières mesures du cor on sait qu'on va entrer dans l'exceptionnel. Tout est parfait. Les tempi, les attaques, les sonorités des divers instruments. Il y a si ma mémoire ne me trompe pas un vrai sextuor à cordes au milieu du second mouvement; Haitink s'est assis et laisse jouer les 2 violons, 3 violoncelles et 2 altos sans faire le moindre geste. Certains musiciens au fond de l'orchestre sourient; il y a une complicité, une osmose entre le chef et cet ensemble qu'il a souvent dirigé qui rappelle celle de Abbado avec l'orchestre du Festival qu'il créa.

    Le concert se termine par une ovation du public debout. A son dernier retour sur scène Haitink dit aux musiciens de s'asseoir et fait signe à un des vents féminins qu'il avait oublié de faire saluer la fois précédente puis se penche vers le premier violon (femme) et l'on devine par son geste qu'il dit qu'il ne pouvait pas ne pas la mettre en avant vu le solo qu'elle a joué parfaitement, sous les éclats de rires des musiciens et de la salle.

    Voilà c'est tout. Une énorme émotion me noue l'estomac en voyant ce grand chef, si humble et que peut-être nous voyons diriger pour a dernière fois si l'adage jamais deux sans trois s'applique: Abbado, Boulez disparus tour à tour et qui furent les piliers de ce festival où de vrais mélomanes, sachant écouter jusqu'à la dernière note se pressent à n'importe quel prix.

    Ici ce n'est pas la Philharmonie de Paris prétentieuse qui joue les démocrates et prétend faire dans le citoyen mais dont les spectateurs n'ont pas le moindre respect pour les compositeurs et les musiciens à de très rares exceptions et encore. On croit en France que la musique se consomme comme des cacahuètes tel ce compagnon d'une amie de mon épouse qui va au concert tous les jours de la semaine et se croit pour autant amateur de musique! Qui mangerait du caviar ou du foi gras tous les jours? Où donc est l'esprit critique dans une pareille attitude?

    Un souvenir de plus engrangé; demain  retour vers la réalité et les soucis et ce Paris et cette France que je déteste chaque jour un peu plus. Il faut hélas boire la coupe jusqu'à la lie.

    PS: ce matin 17/8 temps déplorable, pluie fine qui empêche toute ballade et je dois rendre la chambre dans deux heures. Billet d'avion non modifiable donc devoir trouver un lieu pur attendre jusqu'au plus tôt 14h avant de me rendre à Zurich. J'ai horreur des départs et voudrais déjà être rendu à destination.

    Bonne journée à tous


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