• De l'art d'aller dans le mur en France

    Ceci est le texte envoyé ce matin à BFMTV concernant la façon dont les médias et tout particulièrement la chaine commente la situation de crise actuelle.

    Bonjour,

    Chaque jour j’observe sur votre chaîne et sur les autres chaînes d’info nationales ou pas, la même rengaine. Toujours les mêmes débats sur la pandémie où le manque total de courage de dire les choses en face s’affiche de façon permanente.

    Vous abordez tout sauf un point : l’absence de sanctions systématiques face aux non respect des mesures mises en œuvre par ceux qui nous gouvernent et n’ont qu’une seule idée en tête :

    Surtout ne pas critiquer le comportement de leurs futurs électeurs.

    Je vis dans le XXe à Paris ; ai 79 ans dans trois semaines et suis de santé très fragile. Je vais dire comme Zola : J’accuse !

    Oui j’accuse une jeunesse qui se fiche comme de sa dernière chemise de protéger ses aînés en ayant un comportement responsable, en respectant à la lettre les mesures phares permettant de réduire le risque de contamination d’autrui sans parler de leur propre contamination.

    Tous les jours j’observe de ma fenêtre une personne sur trois, de moins de 30 ans, ne portant pas de masque dans la rue ou l’ayant sous son nez ou sous son menton. C’est valable aussi bien dans les  rues fréquentées les rares fois où je sors de chez moi pour renouveler mon traitement suite à mon infarctus de 2017 ( où je fus quatre jours avec un pronostic vital proche de zéro. Merci à toute l’équipe de la Salpêtrière qui m’a sauvé la vie), mais c’est le cas aussi dans ma rue peu fréquentée.

    Que savons nous quand nous entrons dans un espace en plein air qui nous a précédé, depuis combien de temps, combien de personnes ; tous ces facteurs entrent en compte dans le volume, la durée de présence d’un véritable nuage viral contaminant et le risque de se voir contaminé par une ou plusieurs personnes qui ne respectent pas et/ou ne veulent pas respecter les règles car le Français est un tricheur par constitution. Faites une interdiction ou une restriction, la première réaction est de la critiquer, la seconde qui suit immédiatement est de voir comment on va pouvoir la contourner sans se faire prendre en faute.

    Un tel comportement est criminel que ce soit en voiture, en vélo, en trottinette ou en ne pouvant pas oublier une seconde ce maudit Smartphone que l’on regarde en marchant, voire même à vélo en risquant non seulement sa propre vie mais celle d’autrui.

    Mais il y a plus grave : absence totale de sanctions effectives. Là encore mon analyse est le résultat d’observations in situ. Depuis le début de la pandémie dans mon quartier, la place Gambetta et alentours, situé à 5 minutes à pied du commissariat central du XXe, je n’ai pas vu un seul contrôle et donc verbalisation des infractions caractérisées dont je parle ci-dessus.

    Le problème c’est que l’exemple vient d’en haut. Combien de fois voit-on des membres de l’exécutif ou des assemblées ne pas porter de masques ou l’enlever pour répondre ou faire une déclaration quelle qu’en soit la durée. Va-t-on sanctionner ces manquements ? Non, pensez donc ils sont intouchables. Un pays lui n’a pas eu cette attitude. La Nouvelle Zélande qui poussa à la démission un ministre ayant l’arrogance d’aller à la plage en plein confinement. Cela s’appelle avoir un comportement responsable. «…  Directives de santé publique, budget impliqué et communication envers la population…. » dit Anne Sénéquier, médecin et codirectrice de l’ Observatoire de la santé mondiale à l’ Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Pas seulement Madame, vous oublier un critère essentiel : LA DISCIPLINE et sans aucun doute corrélativement LES SANCTIONS EN CAS D’INFRACTIONS touchant tous les individus, petits et grands, dirigeants à tous les niveaux comme le montre l’exemple cité plus haut.

    Qu’on ne se fasse pas d’illusion on ne jugulera pas la crise économique qui ne nous montre pour le moment que le bout de son nez, tant que l’on n’aura pas jugulé de manière durable la pandémie en cours.

    Juguler la pandémie signifie d’abord prévoir et anticiper et tenir compte de l’expérience première qui coûta tant de victimes, mais aussi tant de courage, d’efforts surhumains pour tout le corps médical et paramédical pour qu'il puisse sauver ou tenter de sauver tant de vies humaines. A quoi nous servirait une croissance positive du PIB si nous nous retrouvions dans un cercueil?

    De même qu’on ne gère pas un pays a coup d’emprunts aboutissant à une dette publique abyssale et un taux d’imposition global insoutenable tant pour les particuliers que pour les entreprises, de même on ne gère pas une crise sanitaire majeure à coups de compromissions pour ne pas perdre les voix des électeurs qu’on veut à tous prix ménager.

    Avoir toléré en Juin la fête de la musique, les rave parties je ne sais plus où, les représentations du Puy du Fou et autres manifestations qui si elles avaient un motif légitime n’avaient pas lieu d’être en une période aussi grave. C’était non seulement irresponsable de la part de ceux qui les ont autorisées, c’est scandaleux et inacceptable de la part de ceux qui y ont participé ou les ont mises en place.

    Dernier point exaspérant. On passe son temps à nous dire que la jeunesse est sacrifiée ! Savez vous ce que veut dire sacrifiée. Revenez 75 ans en arrière et faites le bilan de ce qu’ont vécu trois générations de jeunes entre 1914 et 1962 ; voici pour mémoire le catalogue vécu par ma famille :

    Arrière grands parents sans doute la guerre de 1870, celle de 1914-1918 et peut-être un bout de 1939-1945 avec en prime la grippe espagnole.

    Celle de mes grands parents : deux guerres+grippe espagnole+holocauste pour ce qui concerne mes grands paternels assassinés par les Nazis à Budapest en 1944.

    Celle de mes parents ou plutôt celle de mes beaux parents car moi j’avais la chance d’être né en Egypte où mon père était cardiologue, chef du service qu’il avait mis en place à l’hôpital Français du Caire, les deux guerres mondiales et la grippe espagnole ; mais on  l’a échappé belle grâce à Montgomery et la victoire sur Rommel à El Alamein en octobre-novembre 1942. Pour mes beaux parents se furent les deux guerres, prisonnier de guerre pour mon beau père, l’occupation, les tickets de rationnement jusqu’en 1949, la grippe espagnole.

    Enfin pour ma génération ce fut dans notre jeune enfance, le rationnement avec comme conséquence sous nutrition et pour nombre d’entre nous la tuberculose. Quand je faisais mes études de Sciences économiques en 1962-1965 à Grenoble, on  envoyait l’enregistrement audio des cours aux étudiants du sanatorium de Saint Martin d’Hères. En prime nous eûmes la guerre d’Indochine et celle d’Algérie.

    C’est bouleversé jusqu’aux larmes que je lisais ou vois les livres ou documentaires voire films sur les grands moments de la seconde guerre mondiale. La vue de ses milliers de tombes au dessus des plages de D-day m’anéantit. Tout ça pourquoi ? Parce que la encore comme pour la pandémie dès le mois de décembre 2019, personne en Europe et tout particulièrement en France n’a voulu prévoir, et prévenir.  A croire qu’un virus vient demander un visa pour entrer sur notre territoire comme pour le nuage de Tchernobyl brocardé à juste titre par Coluche. Un de mes amis en fut la victime en mourant d’un cancer du poumon en 2009 à l’âge de 40 ans.

    Pour cette seconde vague on a fait de même. Quand on décide de confiner de quelque manière que ce soit, on exécute la décision en même temps qu’on l’annonce et pas trois jours après comme on vient de le faire. On n’avait pas besoin de faire Polytechnique ou l’ENA pour voir se profiler dès le mois de septembre une courbe d’évolution de la contagion strictement parallèle à la précédente de février-Mars, d’autant plus que l’on avait plus de cas de découverts puisqu’on pouvait enfin tester préventivement. On n’étudie pas un phénomène statistique à coups de valeurs absolues mais en regardant la courbe prise par l’évolution de ses valeurs. Cours de stat de première année de sciences économiques au temps où je faisais mes études supérieures.

    J’arrête ici ce réquisitoire. Une chose est certaine, je me sens victime de ces actes irresponsables et de ce manque de courage des médias, des gouvernants voire même de vos intervenants du monde médical qui ne pointent pas du doigt l’absence de sanctions et rêvent du soit disant civisme des Français.

    Aurez-vous seulement le courage de lire sur l’antenne ce courrier dans son intégralité. J’en doute.

    Pour ma part le confinement commencé en Mars se poursuit, quand je ferme la porte de mon appartement mon masque est en bonne place et correctement mis, je rentre chez moi et prends une douche, çà ne va pas nuire au nombre de mes rides, ni empiéter sur mes activités peut-être limitées mais je fais avec. Le gel est présent en plusieurs endroits sous mon nez et pas pour décorer mon bureau ou ma table de nuit. Oui j’ai des moments de blues, mais je me raisonne. Si je le pouvais et avais la santé nécessaire, je trouverai bien un moyen de me rendre utile. Mais une chose est certaine on ne pourra pas m’accuser d’avoir été négligent et mis en péril la vie de mes proches ou non proches.


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