• L'opération "Mincemeat", littéralement "Opération chair à pâté" est une opération de diversion menée dans le cadre du Double Cross System par le MI5 en vue de tromper les Allemands sur le lieu du débarquement de 1943 en Italie.

    Le 29 septembre 1939, peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, le contre-amiral John Godfrey , directeur du renseignement de la marine , diffusa le mémoire "la truite" , un document qui comparait la tromperie d'un ennemi en temps de guerre à la pêche à la mouche. L'historien Ben Macintyre observe que, bien que publié sous le nom de Godfrey, le journal "..portait toutes les caractéristiques du style du capitaine de corvette Ian Fleming ..", l' assistant personnel de Godfrey. La note de service contenait un certain nombre de stratagèmes à prendre en considération contre les pouvoirs de l’ Axe pour attirer les sous-marins.et les navires de surface allemands vers les champs de mines. Le numéro 28 sur la liste était intitulé: "Une suggestion (pas très belle)"; c'était une idée de planter des papiers trompeurs sur un cadavre qui serait retrouvé par l'ennemi.

    En soi l'idée n'était pas nouvelle:

    • Au XVIe siècle au Japon, on dit que le daimyo Mōri Motonari employa la même idée, mais dans le but de faire passer les généraux de son ennemi Amako Tsunehisa pour traîtres.

    Mais aussi durant la seconde guerre mondiale :

    • Le premier cas s'est produit en août 1942 où un plan identique de tromperie par les Alliés avait été entrepris juste avant la bataille d'Alam el Halfa en employant un cadavre qui portait sur lui une carte. Le corps fut placé dans une voiture qui avait sauté, dans le champ de mines qui faisait face à la 80th Light Division, au sud de Quaret el Abd. La carte indiquait des champs de mines alliés fantômes et les Allemands tombèrent dans le piège. Les panzers d'Erwin Rommel furent envoyés dans un secteur où le sable était non tassé et s'ensablèrent.

    • La deuxième tentative toujours en 1942 relevait également de la désinformation, mais à plus petite échelle. En septembre de la même année, un PBY Catalina écrasé au large de Cadix transportait, à son bord, le Paymaster Lieutenant James Hadden Turner, de la Royal Navy. Lorsque son corps fut déposé par le courant, sur une plage près de Tarifa et récupéré par les autorités espagnoles, il portait sur lui une lettre du général Mark W. Clark destinée au gouverneur de Gibraltar, qui mentionnait le nom d'agents français en Afrique du Nord et donnait la date du débarquement de l'opération Torch, pour le 8 novembre (elle était en fait prévue pour le 4 novembre). Lorsque le corps fut rendu aux autorités britanniques, la lettre était toujours en sa possession, et il fut prouvé par des experts qu'elle ne fut jamais ouverte. Naturellement, les Allemands avaient les moyens de lire celle-ci sans ouvrir l'enveloppe, mais s'ils l'ont fait, ils considérèrent l'information comme fausse, si bien qu’ils ne crurent pas à un débarquement le 4 mais agirent tout de même trop tard le 8.

    Dans son livre "Operation Mincemeat" paru en 2010, Ben Macintyre nous fait revivre par le menu toutes les phases de la genèse, mise en œuvre, dénouement et conséquences de l'opération réalisée sous la conduite de son concepteur le Flight Lieutenant Charles Cholmondeley de la section B1(a) du MI5 (secrétaire du comité Système Double Cross) et le lieutenant commander Ewen Montagu, un officier naval de renseignement membre du Twenty Committee, réputé pour son sens de l'organisation.

    Une fois de plus l'auteur nous tient en haleine jusqu'au bout et même si l'on sait que tout se déroula comme prévu, que les documents contenus dans la mallette de Bill Martin ont pu être lus par les allemands, que l'état major dans sa totalité se persuada que le second débarquement anglo américain se déroulerait en Grèce et en Sardaigne, qu'Hitler lui même fut trompé et laissa pendant plusieurs semaines sans défenses sérieuses la Sicile et qu'enfin le débarquement eut lieu avec un minimum de victimes malgré différents problèmes au commencement des combats, on est pris et ne lâche pas une minute le livre.

    Comme toujours le livre regorge de citations et souvenirs des principaux protagonistes, certains drôles, d'autres font penser à ces films des années cinquante dont les studios Ealing étaient de remarquables producteur et truffés de situation où l'humour noir tombe carrément dans le macabre, telle la scène où préparant le corps de Bill Martin pour l'installer dans son caisson étanche en vue de son transport vers le sous marin qui l'amènera sur la plage espagnole, Montagu se trouve dans l'incapacité de mettre les chaussures au cadavre dont les pieds sont congelés par son long séjour dans le réfrigérateur de la morgue; il se voit obligé d'installer un radiateur sous les pieds du pauvre défunt et arrivera à ses fins quelques minutes plus tard. Plus tard on imagine la scène du camion transportant l'équipe conduit à fond la caisse par un champion de course automobile dans les rues de Londres pendant le blackout manquant à plusieurs reprises phares éteints de renverser le véhicule et ses occupants.

    L'opération Mincemeat est considérée comme ayant contribué de façon significative au succès du débarquement en Italie qui a marqué après El Alamein et l'opération Torch le tournant majeur de la seconde guerre mondiale.

    Pendant de nombreuses années le MI5 interdit à Montagu de publier un compte rendu exact et exhaustif de l'opération et ce malgré des fuites évidentes donnant lieu à des livres au contenu plus ou moins fantaisistes. Ce n'est qu'en 1951 qu'enfin Montagu pu publier son livre "l'Homme qui n'a jamais existé" censuré abondamment par sa hiérarchie. En particulier le nom du défunt ne fut découvert que fortuitement en 1996. Depuis la pierre tombale du Major William Martin porte enfin le nom de son vrai propriétaire, Glundwr Micheal, qui mourut en avalant fortuitement de la mort aux rats sans se douter que sa mort épargnerait à de nombreux soldats d'être tués sur le champ de bataille.

    Dans l'un des derniers chapitres Macintyre nous fait vivre le débarquement au travers de deux de ses héros, d'un coté William Darby des US rangers se précipitant sur la plage sans se soucier du feu nourri des italiens, de l'autre Derrick Leverton, héritier d'une entreprise de pompes funèbres, gardant son flegme tout britannique, dormant dans la barge ou mangeant des barres de chocolat fourrées au caramel, arrivant sur la plage et faisant creuser à sa troupe des tranchées et s'installe dans l'une d'entre elles, se prépare un tasse de thé avant de refaire un petit somme malgré la mitraille!

    Un livre passionnant qui n'est malheureusement disponible qu'en Anglais.

    Le livre de Montagu a été adapté à l'écran par Ronald Neame et coproduit par Bob McNaught pour la 20th Century Fox en 1956. sous le titre "The man who never was" (L'homme qui n'a jamais existé)

     

     


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  • Double Cross est le nom de l'opération mise en œuvre par le MI5, le service de renseignement britannique, sous la direction du Comité 20 du département. Le nom de l'opération signifie "double tromperie" mais est également un jeu de mots sur la traduction en chiffre romains de 20, soit XX, une double croix.

    Le nom de l'opération menée par les britanniques ne signifie pas grand chose pour la majeure partie du public et pourtant elle joua un rôle majeur dans le débarquement du jour J au travers de l'opération Fortitude qui fut l'un de ses principaux faits d'armes ou plutôt leurres pour faire croire aux Nazis que l'opération Overlord aurait lieu en Norvège et dans le Pas de Calais. 

    61 Agents Doubles furent mis à contribution pour cette incroyable mystification. Parmi les plus connus figure Juan Pujol Garcia alias Garbo qui avec ses 26 Agents fantômes fut un des principaux acteurs de l'opération ainsi que 5 autres, Dusko Popov alias Tricycle ( référence à son gout pour les parties fines à trois!) , Roman Cziernawski alias Brutus, Lily Sergeyev alias Treasure et Elvira de la Fuente Chaudoir alias Bronx.

     

    Ben Macintyre dans son livre "Double Cross" publié en 2012 et ré-édité en 2016 en livre de poche, hélas disponible seulement en anglais, nous raconte par le menu l'histoire de cette fabuleuse aventure qui faillit bien capoter à trois reprises. Formidable récit, souvent très drôle vue la personnalité pour le moins exceptionnelle des protagonistes, par moment émouvant comme lors de son livre sur les SAS commenté ici dans un autre article.

    Macintyre réussit à nous faire vivre ces faits dans un style vivant digne d'un roman de Ian Fleming (auquel il a d'ailleurs consacré un livre: For your eyes only, Ian Fleming and James Bond). On y découvre un Popov qui outre ses nombreuses et simultanées maitresses, est capable de dépenser en quelques mois la bagatelle de 85000$ (soit 726,353 $ actuels ou 646 709 euros), Treasure totalement hystérique par la perte de son petit chien Babs, Bronx richissime héritière qui dépense sans compter au casino et laissera une ardoise que le MI5 n'aura pas démêlée plusieurs mois après la fin de la guerre,

    Un livre digne du meilleur roman d'espionnage avec cette différence qu'il s'agit de faits bien réels qui ont permis d'épargner de nombreuses vies humaines lors du débarquement. Outre Fortitude l'équipe jouera un rôle dans les opérations consistant à faire passer un acteur pour Montgomery en Algérie, ainsi que l'opération Mincemint.

     L'opération se déroulera au delà de D-Day et certains des correspondants allemands bien après la guerre ne sauront pas qu'ils ont été mystifiés.

    Un livre à lire absolument écrit en utilisant de nombreux documents déclassifiés depuis la fin du conflit.

     


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    A la manière du Cid d'Edmond Brua (1898-1977); pastiche refusé par le Figaro. Décidément ce quotidien est hermétique à l'humour. La pièce en quatre actes fut jouée plusieurs fois dont à Bobino en 1969 avec Marthe Villalonga dans un des principaux rôles. La censure à l'époque ne trouva rien à redire.

    Benalla, sa babouche à la main:

    Qué rabbia ! Qué malheur ! Pourquoi qu’c’est qu’on m'en veut ?
    Mieux qu’on m’aurait lévé d’un coup la vue des yeux !
    Travailler dix ans négociant des poignets,
    Que chez moi l’amateur toujours y s’les prenait,
    Pour oir un falampo qu’y me frappe en-dessur
    A’c son soufflet tout neuf, qu’il est mort, ça c’est sûr !
    Ce bras, qu’il a tant fait le salut militaire,
    Ce bras qu’il a lévé des sacs de pons de terre,
    Ce bras, qu’il a gagné des tas de baroufas,
    Ce bras, ce bras d’honneur, oilà qu’y fait tchoufa !
    Moi, me manger des coups ? Alors, ça, c’est terribe !
    Çuila qui me connaît y dit : "C’est pas possibe !
    Dodièze, à Benalla, il y’a mis un taquet ?
    Allez, va, va de là ! Ti’as lu ça dans Mickey ? "
    Eh ben ! ouais, Dodièze il a drobzé Benalla ;
    Il y a lévé l’HONNEUR, que c’est pir’ que le pèze.
    Aousqu’il est le temps de quand j’étais costaud ?
    O Macron, je te rends ça qu’tu m’as fait cadeau !
    (Il arrache sa décoration)
    Je suis décommandeur du Nitram Ifrikate.
    (Il essaie de se rechausser)
    Et toi que ti’as rien fait, calamar de savate,
    Au plus je t’arrégare, au plus je ois pas bien
    Si ma main c’est mon pied ou mon pied c’est ma main….

    Entre Castener:

    Benalla, la babouche à la main:
    O Cricri, t'ias peur?

    Castener:
    Siça s'rait pas mon père,
    Qu'est-c' que j'y réponds pas!

    Benalla:
    Qué gentil carattère!
    Ca fait plaisir de oir comme y prend la rabbia.
    Cuilà c'est tout craché la photo à papa.
    Dès, c'est moi ou c'est toi que j'me ois dans la glace?
    Allez , va viens mon fils, viens me laver la face,
    Viens me manger!

    Castener:
    De quoi?

    Benalla:

    Me venger de Macron
    Qu'à l'honeur de nous aut' y vient d'faire un marron!
    D'un bon coup de soufflet y m'a donné le compte.
    Si je me retiens pas ,ay! comm'ça l'oeil j'y monte!
    Tâche moyen de oir ousquy'y s'est ensauvé;
    Mâ entention, fais gaffe, il a rien d'un cavé;
    c'est...

    Castener:
    Allez disez-le!

    Benalla:
    C'est le mec à Chipette.

    Castener:
    Le...

    Benalla:
    Ouais, le mec à Brijounette
    Basta! Je connais ça que ti'as dans la tête.
    (il lui tend sa savatte)
    Mâ comme y dit Ferrand, le de'oir avant tout!
    Va, cours, vole, et pis bouffes-y le mou!
    (Il sort)

     

     


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  • Médias ou la censure constante car luttant contre le politiquement correct:

    Sous le titre du poste ci-dessus, je mis en commentaire en guise de boutade:

    "Quel dommage";

    Résultat des courses: Refusé!

    Eh oui c'est ça aujourd'hui la liberté d'expression assortie pour ce qui est du crétin qui le refusa une absence totale de sens de l'humour et cela d'ailleurs n'est pas nouveau, entre le fait qu'il n'a aucune culture et n'est même pas capable de reconnaitre un pastiche de Britannicus de Racine.

    Il est vrai qu'il est normal qu'un site internet soit à plusieurs reprises épinglé pour des problèmes de confidentialité des données de ses utilisateurs voire poursuivi en justice et doive sauf erreur verser des dommages intérêts aux victimes; il est normal que des médias vous interdisent ainsi de vous exprimer parce que vous considérez qu'il est inadmissible que des développeurs informatiques ne prennent pas toutes les précautions en matière de sécurité de l'information entrant dans le système, ce qui est je le rappelle après 47 ans de développement de ma part, l'une des premières des contraintes auxquelles on ne saurait échapper quand on développe un système.

    Mais cela ne doit pas être dit car non politiquement correct dans un monde où les hackers en tous genres pullulent! Donc vous allez à nouveau refuser ce post.

    Mais comme vous faites après le premier refus, ce dernier commentaire vous êtes évidemment censuré à nouveau. Cela s'appelle vu du coté des médias "la liberté d'expression" pour laquelle ils sont prêts eux, à descendre dans la rue si d'aventure on touchait à leur droit.


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  • Stances Lyonnaises 

    Parmi les déplaisirs où mon Âme se noie,

    Il s’élève en même temps une secrète joie.

    Je triomphe ; et pourtant je me flatte d’abord

    Que la seule vengeance excita mon transport.

    Oui, tandis que nos rois délibèrent ensemble,

    Et que tout se prépare au Conseil qui s’assemble,

    Brigitte, permettez que je vous parle aussi

    Des secrètes raisons qui m’amènent ici.

    Nous nous battîmes hier, et j'avais fait serment

    De ne parler jamais à Macron, cet enfant ;

    Mais à vous, de mon cœur l'unique secrétaire,

    À vous, de mes secrets la grande dépositaire,

    J'épancherai mon cœur, ma tendre et belle amie.

    Depuis cinq ou six mois nous étions ennemis :

    Il passa par Lyon, où nous prîmes querelle ;

    Et comme on nous fit lors une paix telle quelle,

    Nous sûmes l'un à l'autre en secret protester

    Qu'à la première vue il en faudrait tâter.

    Nous vidons sur le pré l'affaire sans témoins ;

    Mais je l’ai vue enfin me confier ses larmes.

    Il pleure en secret le mépris de mes charmes.

    Toujours prêt à partir, et demeurant toujours,

    Quelquefois Il appelle Philippe à son secours.

    Ainsi donc, tout prêt à pavoiser,

    Sur mon propre destin je viens vous consulter.

    J’ai passé dans l’Empire, où j’étais relégué :

    La foule l’ordonnait. Mais qui sait si depuis 

    Je n’ai point en secret partagé vos ennuis ?

    Pensez-vous avoir seuls éprouvé des alarmes ?

    Que l’Empire jamais n’ait vu couler vos larmes ?

    Ces gardes, cette cour, l’air qui vous environne,

    Tout dépend de Macron, et vous aussi ma bonne.

    À ses regards surtout cachez lui mon courroux.

    Macron : Donnez-moi tous les noms destinés aux augures :

    Je crains votre silence, et non pas vos injures,

    Et mon Cœur, soulevant mille secrets témoins,

    M’en dira d’autant plus que vous m’en direz moins.

    Que vois-je autour de moi, que des Amis vendus

    Qui sont de tous mes pas les témoins assidus ?

    Qui choisis par Ferrand pour ce commerce infâme,

    Trafiquent avec lui des secrets de mon âme ?

    Sitôt que mon malheur me ramène à sa vue,

    Je me sens aussitôt à tout jamais perdu.

    Mais enfin mes efforts ne me servent de rien,

    Mon Génie étonné tremble devant le sien.

    Mais puisque le temps presse, et qu’il faut en découdre;

    Puis-je, laissant la feinte et les déguisements,

    Vous découvrir ici mes secrets sentiments ?

    Que Macron me soutienne et fléchisse ma peine,

    Que me faisant de Lyon son organe suprême,

    Je sois de sa clémence, en secret satisfait.

    (Copyright: Claude101141)

     


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