Pour ceux qui ne le sauraient pas (j'espère quand même me tromper) le Sesterce est la pièce de monnaie de bronze utilisée couramment par les Romains pour faire des paiements, elle équivaut à 2€  de nos jours.

En chinant une fois de plus chez mon libraire voisin je suis tombé sur un livre du paléontologue italien Alberto Angela intitulé "Empire" et publié chez Payot.

Le livre feuilleté je l'achetais et ne peut m'en détacher tant il est original.

Partant de la fonderie à Rome où les sesterces et autres pièces de monnaies sont fondues, l'auteur suit pas à pas un sesterce comportant une légère fissure et qui de mains en mains, de poches en poches va parcourir l'Empire Romain première véritable Union Monétaire de l'histoire de notre planète. De Rome nous partons pour la Bretagne (aujourd'hui l'Angleterre), puis l'Ecosse, la Gaule pour séjourner à Paris quelque temps avant de nous retrouver dans les vignobles de Trêves et ainsi de suite.

A chaque fois notre auteur nous donne des détails sur les coutumes, les vestiges archéologiques trouvés de nos jours et ce qu'ils étaient au début du deuxième siècle de notre ère sous le règne de l'empereur Trajan.

Véritable cours d'histoire romaine sans en avoir le caractère pontifiant, on apprend en s'amusant voire en étant pris par le suspense de certaines situations. Qu'arrivera-t-il à la jeune femme faisant appel à une sorcière pour essayer de se débarrasser de son mari violent qui la bât et lui permettre enfin de retrouver la paix dans les bras de son bel amant?

Livre que je conseille à tous et peut-être en particulier aux jeunes de tous âges que notre enseignement délabré rend ignares d'une histoire qui trouve encore aujourd'hui des traces visibles dans notre vie de tous les jours comme le démontre fort justement l'auteur spécialiste de l'antiquité romaine.

Un petit bijou à savourer.

Un court métrage remarquablement réalisé mais qui montre une fois de plus que les réalisateurs actuels sont totalement incapables de produire des œuvres sortant du monde de la violence et apportant une vision constructive de l'existence. Qu'on ne s'étonne pas alors du résultat qui nous entoure en permanence....

James - Short Film from Kyle McCauley on Vimeo.

Enregistrement sur rouleau de l'Elégie Op. 3. No. 1 de Rachmaninov par le compositeur au piano. Absolument stupéfiant!

"La sortie au cinéma" est le titre d'un livre qui vient de paraître sous la plume de Marie-Claude Bénard avec en sous-titre "Palaces et ciné-jardins d'Egypte 1930-1980".

Je viens de commencer sa lecture et l'émotion que je ressens au fil de ces 65 premières pages est sans pareille.

C'est toute mon enfance au Caire qui surgit au travers des photos du Diana, Rivoli, Metro où ma mère m'emmenait le dimanche à la séance de 10h le matin voir les Laurel et Hardy, films des studios Disney. Au Rivoli à l'entracte il y avait un orgue et des jeux de lumières.

Le livre est construit à partir d'interview de réalisateurs, scénaristes, producteurs, spectateurs, acteurs que l'auteur a interviewé et qui sont classé dans l'ordre chronologique de l'histoire du cinéma en Egypte. Ceux-ci évoquent non seulement des étapes de leur carrière mais aussi des lieux où ils ont vécu, la façon dont ils ont découvert le cinéma. Les noms reviennent dans ma tête alors que depuis mon départ d'Egypte en Juillet 1951 ils étaient enfouis dans ma mémoire comme à jamais perdus

ll y a une photo de la rue Kasr El Nil  qui n'était pas loin de là où mes parents et moi habitions, prise autour de 1950-51

La photo ci-dessous prise avec google montre l'immeuble ou j'ai passé les dix premières années de ma vie. Notre appartement se trouvait au douzième étage occupant une partie de la courbe de l'immeuble en allant vers la gauche marqué par l trait jaune.

Pour en revenir au livre, en quelques deux cents pages l'auteur nous fait revivre l'évolution du monde du 7e art en Egypte vu par ses concepteurs. Visiblement la grande époque est belle et bien finie d'après les témoignages receuillis.

Un joli livre, instructif et fourmillant de souvenirs pour ceux qui comme moi y avons passé quelques années.

Dix ans plus tôt les 19 et 24 septembre 1940 voici deux des nouvelles importantes du Journal d'Egypte:

Annonce de la sortie du film la Reine Christine avec Garbo au cinéma le Metro

Événement important l'arrivée des films en provenance des USA.

Pendant ce temps là l'armée italienne occupait Sidi Barrhani et la Grande Bretagne défiait l'aviation allemande au dessus de la Manche. La prise de conscience de la gravité de la situation internationale n'avait visiblement pas atteint les cotes sud-est de la méditerranée....Ces photos sont extraites d'une collection de journaux de l'époque que mes parents ont ramené du Caire et que je garde précieusement.

Dans un club de violonistes deux musiciens bavardent. Un Corse et un Breton.

Tous les deux sont fiers de leur talent.

Le Corse dit :  La semaine dernière j'ai joué un concerto dans la Cathédrale d'Ajaccio, devant 6 000 personnes. Tu vas pas me croire, mais j'ai tellement bien joué que j'ai fait pleurer la statue de la Sainte Vierge ....

Perplexe, le Breton hoche la tête, et dit : Moi, hier, à la cathédrale de Quimper, j'ai joué devant plus de 10 000 personnes, tu vas pas me croire mais à un moment, j'ai vu Jésus se décrocher de la croix et venir vers moi.

Je me suis arrêté de jouer, et dans un silence de mort, il m'a dit : Mon fils, j'espère que tu connais bien ta partition!

Surpris je lui dis : Seigneur, je la connais ma partition, pourquoi tu me dis ça ?

Et il m'a répondu : Parce que la semaine dernière, à la cathédrale d'Ajaccio, un petit Corse prétentieux a tellement mal joué qu'il a fait pleurer ma mère."