• Never Mind de Gwenaële Robert

    Never Mind est le dernier livre que vient de publier chez Robert Laffont l'auteur du précédent que j'ai récemment commenté ici (Le dernier bain).

    Poursuivant dans le genre du Roman Historique Gwenaële Robert s'attaque cette fois ci à l'un  des évènements qui marqua entre autres la vie politique française, la montée au pouvoir de Bonaparte.

    Nous sommes à la veille de Noël 1800; Bonaparte et sa smala se rendent à l'Opéra; ils sont en retard; arrivés à la rue Saint Nicaise une charrette barre la route avec une petite fille de 12 ans qui veille sur la vieille jument à la demande de son conducteur qui vient de la quitter; les deux carrosses dépassent la charrette que l'escorte a repoussé sur le coté lorsqu'une formidable explosion se produit provoquant la panique, de multiples blessés et plusieurs morts dont la fillette dont on ne retrouvera que le corps disséminé  au milieu des gravas de toutes sortes. Un homme a observé du coin de la rue le drame qui vient de se jouer, littéralement tétanisé en découvrant la présence de la fillette près de la charrette et incapable de courir la faire fuir de l'endroit; il est un des conspirateurs, il voue une haine féroce à Bonaparte aujourd'hui 1er Consul, il devait donner le signal de la mise à feu de la machine infernale, sa découverte le lui fait donner trop tard de quelques secondes, ce qui sauvera le 1er consul et ses proches.

    Les faits: Cadoudal a envoyé plusieurs de ses officiers à Paris afin de trouver un moyen de se « défaire » de Bonaparte. Joseph Picot de Limoëlan, colonel ayant exercé divers commandements en Ille-et-Vilaine, Pierre Robinault de Saint-Régeant, colonel de la Légion de La Trinité-Porhoët, Édouard de La Haye-Saint-Hilaire et André Joyaut d’Assas sont chargés d’enlever ou de tuer le premier Consul.

    À son tour, le groupe enrôle un « vieux » Chouan du nom de François-Joseph Carbon, « un homme trapu avec une barbe blonde et une cicatrice au sourcil », qui a combattu dans le Maine sous le commandement de Louis de Bourmont.

    Le conspirateur qui devait donner le signal est Joseph Picot de Limoëlan qui sera le héros du roman. S'appuyant sur des faits avérés qu'elle embellit ou complète bien entendu de plusieurs événements romancés, l'auteur nous fait revivre la chronologie de la vie de son héros, la fureur de Bonaparte qui est convaincu de la responsabilité des Jacobins dans la tentative d'assassinat et ordonne à Fouché de faire arrêter "cette poignée de scélérats". Fouché  lui est convaincu que c'est le parti Chouan qui est responsable, mais n'est pas écouté par le dictateur qui justifie l'arrestation et la condamnation à la déportation des 133 proscrits en déclarant devant le conseil municipal:

    " J’ai été touché des preuves d’affection que le peuple de Paris m’a données dans cette circonstance. Je les mérite, parce que l’unique but de mes pensées, de mes actions, est d’accroître la prospérité et la gloire de la France. Tant que cette troupe de brigands s’est attaquée directement à moi, j’ai pu laisser aux lois le soin de les punir ; mais puisqu’ils viennent, par un crime sans exemple dans l’histoire, de mettre en danger une partie de la population de la capitale, la punition sera aussi prompte que terrible. Assurez en mon nom le peuple de Paris que cette poignée de scélérats, dont les crimes ont déshonoré, dont les crimes ont failli déshonorer la liberté, sera bientôt réduite à l’impuissance de nuire."

    No comment!

    On peut toujours prétendre faire le bonheur et la gloire d'un pays quand on est assoiffé de pouvoir et à l'ambition exponentielle! (Commentaire personnel qui n'engage que ma personne comme dirait La Palice...).

    Je vous laisse découvrir la suite du roman, remarquablement écrit, qui se dévore comme je l'ai fait en moins de 48 heures. Limoëlan échappera à la police de Fouché et s'exilera au Etats Unis où il sera ordonné prêtre, Il a exprimé un sentiment de culpabilité au sujet de la mort de la jeune Peusol, qui avait trouvé la mort en tenant la bride de la jument et il mourra à 58 ans en 1826.

    Décidément on découvre en Gwenaële Robert un talent de romancier qui nous dépeint un Paris du début du XIXe siècle de façon remarquable en une série de courts chapitres comme dans son précédent livre, ce qui donne un rythme soutenu au déroulement de l'action. On s'étonne de voir en quelques heures que l'on a déjà parcouru la moitié du livre de près de  350 pages. On ne peut s'empêcher de rapprocher son style de celui de Jean-François Parot auteur des aventures de Nicholas Le Floch commissaire au Châtelet ou des romans des sœurs Izner qui campent leurs enquêtes dans le Paris de la fin du XIXe siècle. Parot est hélas décédé en 2018 et nous ne saurons jamais sauf livre posthume, comment son héros traversera les horreurs de la Révolution Française.

    Ce livre s'inscrit tout droit dans la lignée du genre français ou de langue anglo saxonne, permettant de combler les lacunes en histoire de la jeunesse actuelle. Lire par exemple les livres de Robert Harris sur certains personnages de l'antiquité Romaine ou un de ses best seller "D. (An Officer and a Spy" qui a servi de scénario au film de Polanski "J'accuse" . Dans un autre roman l'auteur suppose que Hitler et les USA font la paix et développe sur ce qu'aurait été l'avenir du monde partagé entre les deux nations, l'Europe des Nazis et les USA. De même lire la série de romans "Bernie Gunther" de Philip Kerr disparu en 2018, dont l'action se situe dans l'Allemagne du 3e Reich également de très grande qualité.

    Bonnes lectures

    Claude

     

     

     


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