Première journée sinon de farniente, de détente après de longs mois de stress.

Je suis à l'hôtel des 3 rois situé tout près du lac et du centre ville. Chambre spacieuse, salle de bains petite et surtout baignoire douche hyper dangereuse pour toute personne ayant le moindre handicap ou pas!

Petit déjeuner infâme, pain caoutchouteux et croissant qui résiste même à la lame d'un couteau..... Pour 800 euros pour 4 nuits cela fait cher. même si l'accueil est sympathique.

Enfin on doit se mettre dans la tête que la Suisse est chère et Lucerne hors de prix pendant le festival c'est à dire tout l'été!

Exemple: une pizza de 25 à30euros! un steak même en tenant compte du fait qu'on vous en propose 500g, 50 euros!

Mais Lucerne est une ville magnifique soit que l'on se promène le long de la rivière sortant du lac, soit que l'on déambule dans les vieux quartiers au maisons décorées du haut en bas comme celles ci:

Au bord de l'eau:

 .

Et le soir cela donne ceci:

 ou bien

Un des plus vieux ponts de la ville près des barrages qui alimentaient jusqu'en 1977 la ville en électricité

L'intérieur est entièrement décoré:

ou encore cette petite chapelle

Une autre face de la ville est découverte le long des restes des vieux ramparts; dans l'une des tours se trouve une magnifique horloge dont peut voir fonctionner le mécanisme si on le courage d'affronter ses escaliers raidissimes!

et voilà l"engin

Demain vous entendrez son tic tac.... 

Départ hier matin pour Lucerne via Zurick. Je décolle depuis l'ancien terminal 1 de Roissy totalement dépassé par le niveau du transport aérien actuel.

Arrivée au terminal vers 7h30 première constatation aucun membre du service d'ordre de quelque nature visible autour du terminal sur le trottoir.

Seule un vigile me demande d'ouvrir mes bagages à main en entrant dans le hall; on se dit qu'en cas de problème sa présence ou rien pour arrêter un terroriste serait la même chose.

Dans le hall 4 où se trouve le checkin de Swiss International Airlines pas le moindre membre du service d'ordre là encore, déjà le hall est bondé, week end du 15 aoutet départ des longs couriers internationaux demandent en général un ckeck in de 2 à 3 heures avant le vol....

Alors que je présente mes bagages, une valise rose est là sous les yeux de tous y compris à moins de 4 m du préposé de Swiss abandonné par un passager qui me précède, je lui fais signe il continue en haussant les épaules et au bout de trois minutes revient prendre la valise, là encore passivité totale du personnel présent à qui j'avais signalé la chose tout de suite!

Mais le pire le voici:

Enregistré je me rends à mon satellite, porte 60 à 68, queue pour faire contrôler les bagages et passer sous les portiques. Alors que je suis dans la file d'attente je dépasse un sac marron clair qui doit être là abndonné depuis plusieurs minutes; je fais signe à l'une des employées en jaune orangé qui dirige les passagers et leur demande de sortir ordinateur et autres des sacs et lui signale le problème ; réponse de l'intéressée agacée:

"On va quand même pas évacuer le terminal pour ça, qu'est ce que vous voulez que ça me fasse!"!!!! 

 Voilà messieurs Hollande, Vals , Caseneuve, monsieur le président directeur général de l'aéroport de Paris sont assurés les mesures pour nous protéger nous citoyens de ce pays contre les risques terroristes après que près de 300 victimes aient endeuillé le pays au cours des derniers dix huit mois!

Vous jouez les madones éplorées à Notre Dame de Paris, invectivez l'opposition de manière grossière et sans même respecter le titre à vie de l'ancien président de la république et avez l'audace de croire que vous êtes compétents et voulez avoir un mandat renouvelé. Pourquoi faire? Pour vous engraisser sur notre dos et nos vies  vous vous en branlez comme de notre dernière chemise!

MERCI!

18h, arrivée au Festival de Lucerne et son magnifique auditorium. Il fait un temps superbe; de la terrasse  du dernier balcon on a une vue à près de 270° sur le lac et ses environs. Je n'arrête pas de penser à Jackie ma pauvre épouse obligée d'annuler ce séjour du fait de ses deux fractures successives des deux cols du fémur en septembre et avril dernier et qui ne se remet que très difficilement.  Je suis parti quand même seul ayant besoin de faire un break après plus de deux mois en aller et retour dans les centres hospitaliers et cliniques et ensuite assuré un mois durant sa garde complète chez elle. Ce n'était pas une contrainte loin de là mais c'est terriblement éprouvant de voir un être cher qui dégringole à cette vitesse du jour au lendemain. Comme si son tremblement essentiel ne suffisait pas...Qu'on ne vienne pas me dire qu'il faut positiver et autres balivernes du même genre.

Enfin ravalant comme je peux le chagrin qui m'étreint, je rentre dans la superbe salle; on avait réservé pour ce soir deux places au 3eme balcon de face. A cette catégorie vous êtes au prix d'une place d'orchestre catégorie optima à l'opéra de Paris!!! Mais bon ce qui nous attendait en valait largement la peine:

Ce soir on donne la symphonie des mille, la huitième de Mahler. Près de 500 choristes, 8 solistes un orchestre que le compositeur a voulu quasiment gigantesque en doublant tous les pupitres, 4 flutes, 8 cors, 4 harpes, deux timbaliers et 4percussionnistes, piano, grand orgue, celesta, harmonium et j'en passe.

La particularité de l'orchestre du Festival qui fut créé par Abbado, le festival lui a vu le jour grâce à Toscanini, est qu'il est exclusivement composé des premiers pupitres des grands orchestres européens- Berlin, Vienne, Leipzig, Paris, l'orchestre de chambre de l'Europe et celui Alma Mahler et d'éminents professeurs de conservatoires réputés comme le trompettiste Friedrich Reinhold qui s'est produit cet année au TCE avec l'orchestre de chambre de Paris. Le chœur principal est constitué par celui de la radio bavaroise un des grands mondiaux, il y a aussi le chœur Latvien et l'orfeon Donostiarra de San Sebastien. Enfin Tolzen KnabenChor, chœur d'au moins une soixantaine d'enfants dont le plus âgé doit avoir 13 ou 14 ans et qu'on voit régulièrement participer au productions de la Flute enchantée. Des voix d'anges!

L'orchestre sera dirigé ce soir par son nouveau directeur musical le grand Riccardo Chailly. Il rend avec ce programme, hommage au regretté Claudio Abbado qui devait diriger cette oeuvre en 2012 mais y renonça du fait de l'aggravation de son cancer qui l'emporta en janvier 2014. C'est le point final à la grande intégrale véritable référence des symphonies de Mahler avec ce prestigieux orchestre.

Belle salle, ici à Lucerne on respecte non seulement la musique, mais aussi le cadre et les tenues négligées sont rares même dans les places les "moins chères". Les ouvreuses vous accueillent avec le sourire, vous souhaitent une bonne soirée et n'ont pas l'air de faire une corvée comme les phénomènes de l'opéra de Paris ou de nos salles de concerts.

L'orchestre et les choristes rentrent sous un tonnerre d'applaudissements; hommes en smoking, femmes soit en noir soit en longue tunique blanche, musiciens en frac et non débraillés comme cela devient l'habitude dans les salles parisiennes...

Chailly et les 7 solistes principaux, la huitième soprano intervient presqu'à la fin de l'oeuvre près de l'orgue. Le silence se fait, lumières tamisée dans cette nef blanche et marron claire telle une coque de bateau renversée. Jean Nouvel a créé un chef d'oeuvre et l'on ne comprend pas qu'il ait pu faire quelque chose d'aussi laid à notre philharmonie. L'acoustique ici est d'une telle qualité que même du fond de la salle on peut localiser le moindre instrument dans l'espace sonore.

Mahler a composé son chef d'oeuvre en deux mois à peine en été 1906. Oeuvre colossale en deux mouvements de 90 minutes . La première partie est sur un texte de Hrabanus Maurus que Mahler a en parti réécrit et la seconde est sur le texte de la scène finale du second Faust de Goethe.

Le premier mouvement débute sur un Vieni Creator éclatant dont le thème principal revient à plusieurs reprises dans le développement du mouvement, mais déjà on entend en filigrane le thème qui clôturera le second mouvement.

Une telle soirée ne peut se raconter, on est littéralement cloué sur son fauteuil et dans mon cas également bouleversé tout particulièrement par le final d'une beauté inouïe . A la soixantième minute il y a un incroyable dialogue des 4 harpes entre elles soutenues par un frémissement continue des premiers violons qui vous donne la chair de poule.

Le point d'orgue de la soirée ce fut comme lors du concert où Abbado dirigea le Requiem de Mozart, près d'une minute de silence total du public et de l'orchestre et interprètes suivi d'un premier applaudissement solitaire et timide tant le public était sous le charme, en extase. Ici on n'applaudit pas entre ou au milieu des mouvements. On aime la musique et on respecte les musiciens, les parisiens et d'autres feraient bien de prendre exemple. Par contre les rappels durèrent près d'un quart d'heure avec une salle debout.

Sachez que cette soirée était filmée et sera diffusée sur Arte le 28 aout à 17h40. Si vous avez une bonne chaine audio connectée sur votre télévision vous vous régalerez, a ne surtout pas manquer, ça vaur mieux que le foot et les conneries olympiques...Pour une fois Arte fait dans l'art.

Bénédicte Vergez-Chaignon docteur en histoire est une spécialiste de l'histoire de Vichy et de la collaboration. Elle vient de publier aux éditions Flammarion ce remarquable ouvrage sur l'Affaire Touvier, affaire qui s'étend sur près d'un demi siècle et a vu la condamnation de cet ancien de la Milice à la réclusion perpétuelle pour crime contre l'humanité.

Elle a eu accès aux archives et a pu ainsi se livrer à une étude approfondie et détaillée du parcours de Paul Touvier, de sa participation au régime de Vichy, de ses actes qui ont motivé sa double condamnation à mort par contumace. Touvier se cache alors et échappe au jugement, jusqu'à ce que les faits soient prescrits; les peines accessoires ne l'étant pas ses soutiens, en particulier des membres éminents du clergé vont finir par obtenir sa grâce de George Pompidou. Du fait de la qualification d'un des assassinats auquel il s'est trouvé impliqué, de crime contre l'humanité imprescriptible, il se retrouve après une nouvelle cavale, aux assises de Versailles en 1994. Il mourra en prison d'un cancer un an plus tard.

Nombreux sont ceux qui considèrent que l'on devrait tourner la page sur les exactions du régime de Vichy et de ses collaborateurs, c'est non seulement faire peu de cas de la détresse de ceux qui sont les parents des victimes, mais c'est aussi faire croire que de tels actes ne pourraient pas se reproduire.  L'Eglise Catholique tout particulièrement intégriste ne sort pas glorieuse de ce sa complicité dans cette affaire oubliant un peu vite que l'on n'a pas le droit de donner asile à des criminels et que ce n'est pas à elle de décider de l'innocence ou non de quiconque. Il y a des tribunaux pour cela. Enfin un pays a l'obligation de regarder en face ses failles et ses méfaits et de ne pas jeter un voile sur eux par pure lâcheté.

Un des grands moments de rigolade avec Victor Borge, pianiste émérite et surtout humoriste de grand talent