• Ce livre qui hélas n'a pas été traduit en français, ce qui n'est pas étonnant vu le peu d'intérêt que portent les générations actuelles pour l'histoire et tout particulièrement celle de la seconde guerre mondiale, est une biographie d'un des plus célèbres agent double  ce conflit.

    Le général Eisenhower s'adressant à son co-équipier Tomàs Harris , a dit de lui "...à vous deux votre travail a représenté celui d'une division, vous avez sauvé de nombreuses vie, Monsieur Harris."

    Livre paru en 2012, l'auteur nous dresse une biographie fouillée et détaillée de Juan Garcia Pujol que les services secrets britanniques affublèrent du surnom de Garbo rendant ainsi hommage à son talent de comédien et son imagination débordante. C'est sans doute aussi que l'homme avait compris que pour comprendre  la mentalité et la façon de réagir aux événements d'un individu ami ou ennemi il fallait comme un acteur se mettre à sa place au plan mental.

    Rien ne prédestinait Pujol à jouer le rôle qu'il a tenu durant toute la guerre à Londres. Enfant terrible pour ne pas dire insupportable et immaitrisable, cassant tout sur son passage, se prenant pour un cowboy dans l'appartement de ses parents et frères et soeur, allant d'echec en echec professionnel sur tous les sujets qu'il touchait, il assiste d'abord quasi déserteur à la guerre civile espagnole, ecoeuré par les exactions injustifiables tant des républicains que des franquistes; l'arrivée du régime d'Hitler et des Nazis ne fait qu'amplifier son refus de la dictature sous toutes ses formes et c'est alors qu'il envisage d'aider les britanniques dans leur combat contre l'Allemagne.

    Par 5 fois il tentera de se faire engager, par 5 fois il sera rejeté avec mépris par les autorités britanniques de l'ambassade . C'est alors qu'il songe à miner de l'intérieur  les Nazis et là il finit par mettre un pied dans la porte. C'est par un coup de bluff exemplaire que Pujol alors agent "Arabel" destiné à tromper les services secrets allemands que les Anglais finiront par le contacter et l'adopter comme agent double.

    Pendant 5 ans "Garbo" montera un réseau totalement fictif de plus de 30 agents secrets travaillant au services des Nazis et leur faisant croire à des montagnes de faux renseignements, le plus spectaculaire de tous étant bien entendu l'Opération Fortitude  où sur l'idée de l'eccentrique David Strangeways, une armée fantôme de plus d'un million d'hommes, la FUSAG -First United States Army Group sous le commandement de Patton, tiendra à l'écart des plages normandes la majorité des troupes Nazis; ce n'est que près de dix jours après le débarquement Hitler prendra enfin conscience que Overlord n'était pas une opération de diversion et Calais l'objectif principal de l'invasion alliée.

    La fin du livre est à la fois émouvante et triste. Le secret dans lequel dû vivre cet homme exceptionnel, brisa sa vie familiale, après la guerre craignant des tentatives d'assassinat en Amérique du sud où il s'était exilé, il se fera passer pour mort et ce n'est qu'au cours des années 70 que l'ancien membre du parti conservateur et journaliste  Rupert Allason aka Nigel West finira par le découvrir  vivant chichement au Venezuela où là encore ses entreprises professionnelles ne firent qu'échouer les unes après les autres. 

    Juan Garcia Pujol reverra lors de retrouvailles émouvantes ses camarades de Fortitude, assistera bouleversé aux cérémonies commémoratives des 40 ans de D-Day et aura cette phrase qui en dit long sur l'humilité de cet homme, devant les croix du cimetière d'Omaha Beach: "je n'ai pas assez fait".

    Un livre à lire absolument, souvent très drôle malgré un contexte dramatique.


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  • A la lecture de ce titre on peut s'imaginer qu'une fois de plus je me martyrise en lisant des documents sur une des périodes les plus sanglantes de notre histoire , de l'histoire du monde pas seulement celle de la France.

    Ce serait faire erreur.

    Qui est Bob Maloubier?  Voici ce que nous dévoile Wikipédia:

    "Bob Maloubier (né le 2 février 1923 à Neuilly-sur-Seine et mort le 20 avril 2015 à Paris) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive britannique. À ce titre, il fut d'abord parachuté clandestinement deux fois en France occupée comme saboteur dans le réseau SALESMAN de Philippe Liewer, dans la région de Rouen au deuxième semestre 1943, puis dans le Limousin à la Libération. Puis, ayant rejoint la Force 136, il fut parachuté au Laos en août 1945. Après la guerre, il fut officier de renseignement du SDECE, participa à la création des premières unités de nageurs de combat et travailla en Afrique pour des compagnies pétrolières."

    Rajoutons que sur ses suggestions la grande marque suisse Blancpain, conçu la première d'une série de montres  célèbre dans le monde de la  plongée: La 50 Fathoms étanche jusqu'à 91.45m de profondeur. "....Parmi les grandes réussites de la manufacture [suissse, Blancpain] figure la Fifty Fathoms, lancée en 1953 et produite à la demande des Nageurs de Combat de l’armée française qui ont besoin d’une montre fiable pour leurs expéditions sous-marines. Le capitaine Robert « Bob » Maloubier et l’enseigne de vaisseau Claude Riffaud, cofondateurs de l’unité, soumettent le projet à Jean-Jacques Fiechter, devenu PDG de Blancpain, qui accepte le défi. Portée entre autres par Jacques-Yves Cousteau, la Fifty Fathoms devient la référence en matière de montres de plongée. ..." (source: Blancpain; Histoire)

    Voilà pour le rappel historique concernant notre auteur qui garda bon pied bon oeil jusqu'à l'âge avancé de 92 ans.  En 2014 il publie "Les secrets du jour J- Opération Fortitude - Churchil mystifie Hitler"

    Alors si vous avez le "blues" à cause du temps de cochon qui sévit sur notre pays, du froid, de la neige et des imbécilités en tous genres que les politiques de tous bords à l'intérieur comme à l'international, Français ou Etrangers, à l'Ouest comme à l'Est et au delà de la grande bleue, lisez ce livre.

    En 328 pages, dans un style enlevé, sans se gargariser avec des mots techniques et des analyses pontifiantes, tel un véritable roman d'aventure, Bob nous fait revivre les épisodes souvent drôles parfois tragiques ne nous le cachons pas, de ce formidable coup de poker qui failli bien capoter à cause d'un radio Allemand qui alla se coucher une certaine nuit du 5 Juin 1944. Ce n'est qu'à 8h du matin qu'il apprendra des mains du rado de Juan Garcia Pujol alias Garbo que le débarquement a commencé depuis plus d'une heure et demi! Et bien entendu pour l'ennemi ce n'est qu'une manœuvre de diversion car le vrai, le grand, c'est sûr aura lieu dans le Pas de Calais!!!!

    Le livre est truffé de citations, de portraits tordant de tous ces prétendus agents doubles inventés par Pujol et ses comparses qu'on tue lorsqu'on sent que la partie adverse commence à suspecter de bobards. 

    Un livre passionnant, une histoire vraie que le meilleur des scénaristes n'aurait pas osé concevoir au risque d'être traité de fumiste.

    Aujourd'hui Bob a rejoint ses copains moins chanceux que lui et qui se sont sacrifiés pour que nous soyons libres de recommencer nos sottises en tous genres....


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  • Voilà 600 pages qui nous transportent dans le tourbillon des journées qui vont sonner le glas de l'ancien régime.

    Monsieur Maral connait bien Versailles puisqu'il est un des conservateur du château.

    Son étude est fouillée et surtout terriblement vivante. On a peu de peine à imaginer le déroulement des événements, les allées et venues des protagonistes entre la salle des Menus Plaisirs où se tient l'Assemblée Nationale et le Château pris dans la tourmente des exigences des uns et des autres.

    Il nous montre les faiblesses de Louis XVI, les intrigues aussi bien de la Reine, toujours aussi irresponsable, que les faux pas multiples souvent ridicules mais qui marquent les esprits à l'affût du moindre objet pour miner le pouvoir royal.

    Il y a les grandes dates qui marquent à tout jamais l'histoire de France, Le serment du jeu de Paume, l'acceptation de la Déclaration des droits de l'Hommes et les premiers articles de la Constitution. Le tout sur fond de colère, de crimes abominables les 5 et 6 octobre 1789, amenant au départ forcé du Roi et de la Reine pour Paris et leurs tragiques destins.

    Tout cela est écrit dans une langue simple fourmillant de citations de contemporains des événements et bien entendu aussi de remarques venant d'auteurs de grands talents comme Jean Christian Petitifils dont il faut lire les remarquables ouvrages consacrés aux rois de France de Louis XIV à Louis XVI et au Régent..

    Le dernier chapitre est particulièrement émouvant car l'auteur nous fait passer au gré des visites d'anciens courtisans, dans les salles et salons vides du château abandonné. On frémit quand on pense que certains poussés par leur haine et leur instinct de destruction voulaient que l'on rasa le château et laboure les jardins!

    Il y aussi ces réunions de l'Assemblée, fatras d'individus avides de pouvoir car qu'on ne se berce pas d'illusions, les grandes phrases, les discours à rallonges ont largement contribué à laisser le champ libre à la montée de la violence. Ce n'est pas avec des grandes phrases, et des discours grandiloquents que l'on peut mettre fin à la disette. En fouillant dans les archives nationales aujourd'hui on découvre des actes sciemment exécutés pour entraîner la disette qui mène aux journées d'octobre.

    Enfin on ne peut s'empêcher en lisant ce livre de faire un parallèle avec la situation actuelle de la France. Les privilégiés d'hier sont aujourd'hui tous ces députés, ministres et autres énarques ou pas, pour leur majorité incompétents notoires, plus enclins à se soucier des voix de leurs électeurs que de la situation économique du pays, ces fonctionnaires accrochés à leurs chers avantages acquis prêts sans vergogne à paralyser leur pays en invoquant de soit disant travaux pénibles qui font référence au début du XXe siècle.

    Livre passionnant mais il faut le dire aussi qui suscite une profonde tristesse car on ne peut s'empêcher de penser que si la France continue sur la lancée de l'insouciance et de l'irresponsabilité actuelle, l'histoire pourrait bien se reproduire aussi violente et sanglante qu'il y a plus de deux cents ans. Il n'a fallu que quelques semaines entre Mai et Juillet 1789 pour que tout bascule.


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  • La France ce pays qui ne cesse de s'auto congratuler, ne manque pas une fois pour démontrer son ingratitude à l'étgard de ceux qui l'ont servi au péril de leur vie même dans des emplois que l'on pourrait qualifier subalternes.

    France 5 diffusait cette nuit un documentaire de 52 minutes sur Suzanne Travers, qui de  1940 à 1947, Anglaise élevée dans le Sud de la France, fille d'un officier de la Royal Navy, a combattu aux côtés des Français. Première femme à être admise au sein de la légion étrangère, elle fut aussi la première à lancer sa Ford rouillée sous les bombes de Bir Hakeim pour rejoindre les lignes anglaises, après 18 jours de combat contre l'Afrika Korps. Elle dut attendre l'âge de 86 ans pour être enfin décorée de la légion d'Honneur.

    Ce n'est qu'une fois assurée de la disparition de tous les protagonistes passés dans sa vie qu'à l'âge de 91 ans elle publia son autobiographie. On y apprend qu'elle fut la maîtresse du Maréchal Koenig et bien d'autres détails qui ne font guère honneur à ces hommes si sûrs d'eux et adulés comme s'ils étaient de petits saints.

    Un film a revoir ici: Susan, l'héroïne cachée de Bir Hakeim

    et lire son livre : Tomorrow to Be Brave : A Memoir of the Only Woman Ever to Serve in the French Foreign Legion (Tant que dure le jour, éditions Plon, 2001)

    Une biographie lui a été consacrée par Gérard Bardy : La Légionnaire - Héroïque et libertine.

    Simone Veil lors de son discours de réception à l'Académie Française, lui consacra quelques lignes.


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