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    Entretien de Laurent Dandrieu et Geoffroy Lejeune:

    Comédien hors norme, au registre exubérant, Michel Fau a monté le spectacle phare de cet automne, un Tartuffe baroque et follement audacieux dont il partage l’affiche avec Michel Bouquet. Pour Valeurs actuelles, il expose sa vision du théâtre et des “théâtreux”. 

    Qu’est-ce qui vous a décidé à monter ce Tartuffe ? La pièce, l’envie de jouer avec Michel Bouquet ? 

    Depuis douze ans, je ne monte que les textes qui m’ont fait rêver quand j’étais ado : Montherlant, André Roussin, et puis évidemment Molière, le Misanthrope, maintenant le Tartuffe, plus tard j’aimerais faire George Dandin. J’ai été bouleversé quand j’ai lu ces textes à l’époque : je pense que c’est important pour un artiste d’être fidèle à ses premiers émois. Bouquet, je n’aurais jamais imaginé jouer avec lui, parce qu’il avait été mon prof il y a vingt-cinq ans, et qu’il est assez impressionnant comme professeur : il avait été déterminant, mais de façon assez déroutante. Il y a deux ans, il m’a dit : « Tu devrais jouer Tartuffe », et j’ai répondu : « Oui, mais avec vous dans Orgon. » Bouquet, c’est un cas : il a 92 ans, il joue depuis qu’il a 17 ans, il a consacré sa vie aux poètes ; au théâtre, il n’a jamais joué que des grands textes, jamais de choses mineures. C’est comme un sacrifice : il s’est sacrifié aux poètes. Sur scène, il est dans des états de transe mystique quand il joue, quand il profère les alexandrins… C’est exceptionnel.

    Il y a trop d’acteurs qui sont confortablement installés, c’est pour ça qu’on s’emmerde souvent au théâtre ou au cinéma. Le métier d’acteur est devenu un métier de notables, alors qu’avant c’était un métier de bizarres. On a galvaudé le métier d’acteur, on nous a fait croire qu’il suffisait d’être naturel et de parler juste : je pense que c’est plus compliqué que ça, et plus intéressant. 

    On a l’impression que votre mise en scène est un pamphlet contre le théâtre naturaliste, avec ses personnages qui discutent de leurs états d’âme dans des cuisines en formica… 

    Évidemment, j’ai un imaginaire, des fantasmes, mais je pars toujours de la pièce, je rebondis sur elle. J’essaie d’être le plus proche du texte, le plus naïf par rapport à lui, le plus théâtral possible, je me pose des questions sur le style, sur la langue, sur l’esthétique, la façon dont la pièce était jouée à l’époque, et après ça donne un objet. Et c’est alors que je me rends compte que cet objet est comme un manifeste sur un théâtre qui n’existe plus. Je crois que c’est pour ça que le public vient nombreux, et un public très mélangé, de générations mais aussi de positions sociales très différentes. Il y a une théâtralité, un lyrisme, une poésie, quelque chose qui n’est pas réaliste, pas naturaliste. On avoue qu’on est au théâtre : il y a de l’artificialité, il y a un décor peint, qui est quelque chose qu’aujourd’hui on ne fait plus du tout. Je comprends que ça ne plaise pas, mais ce style de théâtralité “baroque”, c’est un truc qui n’existe plus. Et puis, si on a peur de parler de Dieu, de parler du roi, des alexandrins, il ne faut pas monter cette pièce ! Et souvent, les metteurs en scène ont peur des trois… La dernière mise en scène que j’ai vue du Tartuffe, c’était devenu un drame bourgeois sur un père qui n’est pas sympa avec ses enfants et un mec qui tripote une nana, une histoire de petite culotte, en fait… 

    Alors que beaucoup de metteurs en scène jouent Richard III en costumes nazis, vous avez fait le choix d’une mise en scène presque historiciste pour mieux laisser la modernité du texte parler d’elle-même… 

    C’était peut-être bien de jouer Molière en costumes modernes, mais on le fait depuis 1962 ! C’est devenu un académisme… Dans toutes les mises en scène, ils essayent de moderniser — parce qu’ils n’ont rien à dire — et on joue comme à la télé, on joue petit, quotidien. Il y a des textes qui demandent à être joués de manière naturaliste, mais ces textes-là, ça n’est pas fait pour ça, c’est un théâtre lyrique, grotesque et dévastateur… C’est comme monter Wagner ou Verdi dans une cuisine. Ça revient à rabaisser les mythes, alors que les gens veulent des mythes. Le vrai public — pas les théâtreux —, il n’a pas envie qu’on lui parle de problèmes de banlieue, de voir des survêtements sur scène… C’est comme les concertos de Mozart : dans les années soixante-dix, on les jouait au synthétiseur, puis on s’est rendu compte que c’était un peu con, en fait ; et maintenant on essaie de retrouver le son de l’époque. Mais au théâtre, on est resté à cette modernisation à la con. La Comédie-Française n’assume plus son rôle de servir le patrimoine, ils sont complexés par rapport à ça. Même là, les alexandrins sont massacrés : il n’y a plus de lieu en France où l’on dit correctement les alexandrins. Alors que c’est un truc sublime qui a été inventé en France. Par contre, quand il y a un spectacle de kabuki qui passe en France, tout le monde applaudit… À l’Odéon, ils viennent de monter un Tchekhov en langue des signes russe ! C’est quand même dément, non ? 

    Est-ce que le théâtre contemporain n’est pas devenu une rebellocratie, un art officiel qui se vit comme quelque chose d’extrêmement audacieux ? 

    Alors qu’il ne choque plus personne ! Ils ont remplacé un académisme par un autre. Maintenant, quand on va voir une pièce classique, on sait très bien qu’ils vont être en costard-cravate, qu’il y aura des meubles Ikea, de la vidéo, que le texte sera détourné, qu’il n’y aura plus du tout de théâtralité ; plus d’emphase, plus de lyrisme, plus de poésie, pas beaucoup d’humour — ou alors, quand ils essaient de faire de l’humour, c’est pire… Mais ils ne choquent personne ! C’est le règne de la tiédeur, ça plaît aux bourgeois qui lisent Télérama et l’Obs. Et ils jouent comme à la télé : ce jeu de téléfilm a tout contaminé, le théâtre de boulevard aussi. Autrefois, quand j’allais voir Jean Poiret et Maria Pacôme, ils étaient délirants ! Darry Cowl était surréaliste dans son jeu. Maintenant, même chez Ivo van Hove, le metteur en scène à la mode, ils jouent comme dans Joséphine ange gardien ! Ils ne parlent pas trop fort, ils sont sobres, ils ne font pas d’effet de voix, il n’y a aucune folie. On dit que mes comédiens ont un jeu boursouflé : mais c’est beau, le jeu boursouflé ! 

    D’où vient ce règne de la tiédeur ? 

    C’est le raisonnable qui a tout contaminé. Je crois que ça vient du politiquement correct. Giraudoux, je crois, disait que la décadence du théâtre était liée à la décadence de la société. Si l’artiste cherche à être quelqu’un de bien socialement, à partir du moment où il dit : il ne faut pas faire ça, il ne faut pas dire ça, il est foutu. Je ne pense pas que Picasso ou Wagner étaient des gens recommandables, on s’en fout, sans parler de Céline et compagnie. Aujourd’hui, ceux qui se disent artistes sont le plus souvent des notables. Et ça donne “balance ton porc” : avant, les actrices étaient des cocottes, des poules (il faut relire Nana de Zola !), aujourd’hui, ce sont des bourgeoises qui sont choquées quand on leur met la main sur la cuisse… Je ne pense pas qu’Arletty aurait “balancé son porc”… C’est un embourgeoisement qui vient du copinage avec le pouvoir. Avant 1981, comme il y avait très peu d’artistes de droite, les ministres de droite — et il y en a eu de très grands, comme Michel Guy — nommaient les gens en fonction de leur qualité artistique. Vitez, qui était communiste, était nommé directeur de Chaillot, Jean-Pierre Vincent, qui était de gauche, directeur du Théâtre national de Strasbourg, et Jacques Toja, qui était de droite, à la Comédie-Française. Mais quand la gauche est arrivée au pouvoir, on a nommé des gens parce que c’étaient des amis… Et puis la droite s’est mise à avoir des complexes par rapport à Jack Lang, ce qui est quand même invraisemblable. 

    Francis Huster a dit récemment : « On ne peut pas être artiste sans être de gauche »… 

    Déjà, la gauche n’existe plus… Et puis, avoir une étiquette politique, ça veut dire qu’on est bien intégré dans la société. Or on est artiste parce qu’on n’arrive pas à croire aux codes de la société. C’est très récent, cette idée que l’acteur est de gauche… Je ne pense pas que Pierre Brasseur, Bourvil, Michel Simon, Harry Baur étaient de gauche. Ni de droite, d’ailleurs. Un des seuls acteurs qui se dit réac, c’est Luchini : il est détesté par la profession mais il remplit les salles, en faisant un travail très ambitieux, vraiment admirable. Moi je ne me sens ni de droite ni de gauche, même pas anarchiste. Je me sens dadaïste. Le dadaïste, c’est celui qui est contre le goût du jour. 

    Dans un entretien, vous avez dit ne pas supporter la “dictature culturelle” : comment se manifeste-t-elle ? 

    Quand j’ai osé dire que le théâtre de Joël Pommerat m’ennuyait, on m’a dit : « Tu n’as pas le droit de dire ça. » Ah bon, pourquoi ? Je vais aller en prison ? C’est hallucinant ! J’ai reçu des messages de gens qui me disaient : « Comment tu peux dire ça, c’est honteux… » 

    Est-ce que le problème du théâtre aujourd’hui, ce n’est pas aussi l’ego des metteurs en scène, qui se considèrent plus importants que l’auteur de la pièce… 

    Il y a toute une génération de metteurs en scène qui n’en ont rien à faire des auteurs, pour qui ils ne sont qu’un prétexte. Krzysztof Warlikowski dit : « Je déteste l’opéra, c’est un art bourgeois », et il gagne des fortunes en faisant cinq mises en scène d’opéra par an… C’est quelqu’un qui est payé très cher pour mépriser son public ! Stéphane Braunschweig monte Britannicus à la Comédie-Française, et il dit qu’il n’aime pas les alexandrins… Qu’il fasse autre chose, alors ! Mais ces gens-là ne s’adressent pas au public, ils s’adressent aux critiques. D’ailleurs tous les gens qui parlent de théâtre populaire, comme Olivier Py, s’adressent à des bourgeois privilégiés. Le théâtre populaire, ça n’est pas de jouer cinq fois à l’espace Cardin, c’est Chantal Ladesou qui tient l’affiche pendant un an avec Nelson ! Pour ma part, je ne dis pas faire du théâtre populaire : j’essaie de faire une oeuvre d’art, et puis j’espère que les gens vont venir, c’est tout. 

    Est-ce qu’il y a encore un avenir pour le théâtre ? Vous avez essayé d’enseigner au Conservatoire, puis jeté l’éponge assez rapidement… 

    Aujourd’hui, le Conservatoire national, c’est la mort. D’ailleurs, ils n’apprennent pas de grands textes, ils font de la vidéo, du tai-chi, de la danse… On leur met des micros HF, pour qu’ils jouent petit. La directrice parlait d’interdire Claudel au Conservatoire, sous prétexte qu’il était pétainiste ou je ne sais pas quoi… Mais en même temps, j’ai rencontré des jeunes qui avaient envie de faire du vrai théâtre. L’état des lieux est catastrophique, mais je ne suis pas pessimiste. C’est tellement terrible que du coup il peut y avoir une réaction.

     

     (source : Valeurs Actuelles 16/11/2017)

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    Enfin un acteur/metteur en scène a le courage de dire tout haut ce que bien des spectateurs pensent devant les merdes qu'on nous impose tant au théâtre qu'à l'opéra. Il oublie hélas de mentionner que les cours de théâtre sont envahis par de pseudos profs qui n'ont jamais mis les pieds sur une scène et que l'enseignement du primaire au secondaire voire supérieur ne fait qu'empirer la situation par le lamentable niveau auquel il est arrivé.  Par contre il se trompe quand il pense qu'il peut y avoir une réaction; sans culture élémentaire aussi bien spectateurs que réalisateurs et acteurs sont à tout jamais condamnés à sombrer dans un gouffre sans fond.


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  • la France et le monde du théâtre vient de perdre sa comète: Robert Hirsch.

    Il dépassait en talent, intelligence des textes,  diction, tous les acteurs actuels totalement incapable de donner la diversité des rôles qu'il a tenu, de Scapin à Tartuffe, de Bouzin à Arturo Hui, incroyable dans Crime et châtiment, monstrueux Néron de vice et de fourberie.

    C'était le phare avec son complice Jacques Charon d'une troupe d'une qualité exceptionnelle tant par les talents que par l'homogénéité : Charon, Hirsch, Piat, Boudet,Ducaux, Samie, Seigner, Toja, Debucourt, Deiber, Gaudeau, Sabouret,Duchaussoy et bien d'autres qui ont tenu la Comédie Française à bout de bras pendant trente ans; capables de jouer des rôles diamétralement opposés dans la même journée, tel Scapin à 14h et Néron à 20h! Essayez seulement aujourd'hui de faire faire un tel tour de force aux nullités qui massacrent, metteurs en scène à la rescousse, tout le répertoire immense de notre pays, galvaudé, méprisé par de soit disant comédiens dont la nullité intellectuelle et culturelle bat tous les records.

    Voilà où nous a mené, Mai 1968 et son cortège d'incapables qui ont refusé la sélection, mis parterre l'enseignement du primaire au supérieur, les professeurs sont aussi nuls que les élèves à qui on donne le bac à tout va pour respecter la sacro sainte sottise socialiste vivant en dehors des réalités les plus élémentaires.

    Pour moi la disparition de Hirsch c'est tout un pan de ma vie qui disparaît, je l'ai vu encore sur scène l'an dernier dans  Avant de s'envoler de Florian Zeller où il était bouleversant de vérité.

    Je n'ai pas honte de le dire, je me suis mis à pleurer en apprenant cette nouvelle qui était hélas prévisible, nous ne sommes pas éternels, en tous cas certains devrait pouvoir l'être...


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  • Je viens de lire en partie ce livre offert à mon fils par son meilleur ami, pour ses quarante ans.

    Monsieur Lévy agrégé de lettres classiques, fondateur de la revue Starfix s'est spécialisé dans l'analyse des productions cinématographiques.

    Avec ce livre il essaie de décrypter le phénomène James Bond dérivé des célèbres romans de Ian Fleming.

    Au départ de la lecture du livre, on est accroché par les deux ou trois premiers chapitres qui nous retrace un portrait intéressant de l'écrivain, de Sean Connery l'un des plus célèbres interprétes du rôle titre. 

    Hélas on déchante vite quand à l'instar des élucubrations philosophiques des auteurs d'une autre revue, les cahiers du cinéma, Monsieur Lévy veut nous faire chercher aussi bien dans les romans que dans les films autre chose qu'une source de divertissement.

    A un moment, on a quelqu'espoir de redescendre sur terre avec les interviews de réalisateurs de tous âges sur leur gout ou dégoût du genre, mais très vite hélas le délire se déchaîne quand l'auteur veut rapprocher les films et les personnages de légendes grecques,  telles celle du Minotaure ou autres sottises typiquement propres à ces écrivains chercheurs qui ne savent pas comment faire rentrer l'argent dans la caisse. Ils vivent sur leur petit nuage totalement déconnectés du monde réel.

    Alors soyons directs: Les romans si divertissant soient-ils ne sont que des romans de hall de gare. Rien à voir ici avec la profondeur des œuvres d'Agatha Christie ou d'Arthur Conan Doyle. J'en veux pour preuve la médiocrité des traductions françaises confiées visiblement à des auteurs de second ordre n'ayant pas une maîtrise totale de la langue Anglaise; ce que souligne d'ailleurs Lévy à plusieurs reprises. Fleming se sert de son expérience et des personnes qu'il a rencontré pendant et après la seconde guerre mondiale, pour construire le personnage de "James". Il meurt à 56 ans d'un infarctus.

    Quant aux films ce sont des fictions, souvent empreintes d'un humour tout britannique où le personnage principal à plusieurs reprises nous envoie un clin d’œil pour nous ramener sur terre et nous dire en quelque sorte: "Vous voyez comme je me paie votre bobine!". Du moins c'était le cas jusqu'à la fin des films incarnés tour à tour par Connery, Moore, Dalton et Brosnan. Mais déjà dans les films de ce dernier la dérive propre au cinéma d'action actuel, s'amorce et la violence pour la violence prend progressivement le dessus comme le prouvent les derniers films où l'espion prend le visage de Daniel Craig, visage inexpressif, complètement en porte à faux avec le personnage des livres et qui baigne dans une violence insupportable doublée selon les circonstances de repères sexuels pour faire à la mode, telle la scène de torture de Casino Royale aux relens sm/gays des plus infectes. Quand on a rien à dire on tombe dans ce genre de films qui font émerger tout ce qu'il peut y avoir de pervers dans la nature humaine. N'ai-je pas entendu un jour deux hommes ayant passés la trentaine et parlant d'un film en 3D, l'un disant à l'autre "Ce qu'il y a de génial dans le film c'est que quand le sang gicle tu as l'impression de le recevoir en pleine figure, c'est vachement  cool"!

    Non Monsieur Lévy quand on va voir un Bond on ne pense pas à Kant, Freud ou autre psy qui avec vous on sérieusement besoin d'une bonne séance de psychanalyse pour vous ramener aux réalités.

    Un livre à éviter!


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  • J'ai parlé ici de l'invraisemblable projet qu'une bande d'individus assoiffé de fric voulait mettre à exécution dans l'un des plus beaux sites de Grand Canyon, la confluence du petit Colorado et du Colorado.

    Hier soir par 16 voix contre 2 le Conseil de la Tribut Navajo garant de la réserve que sa population occupe s'est opposé et a mis fin à ce projet ahurissant: faire parvenir 10000 touristes par jour gràce à un Télécabine sur ce site non seulement d'une beauté exceptionnelle, mais également lieu sacré dans la religion de cette ethnie.

    On soulignera que parmi les défenseurs du projet figurait comme partenaire des investisseurs du projet, l'ancien président du conseil qui a démissionné suite à toute une série de scandales financiers et sexuels! Cela ne l'a pas empêché de se retrouver élu au niveau des autorités législatives de l'Etat de l'Arizona!!!! Voilà ce que donne l'ére du
    Président des Etats Unis actuel...

    Ci dessous pour les lecteurs anglophones le lien vers l'article concernant l'affaire et une photo que j'ai prise il y a quelques années de cet extraordinaire site.

    BREAKING: Escalade ‘Monster’ Killed

    Une grande victoire!

     

     


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